Pour l’instant, les épis de blé et de maïs dominent encore les champs de Cédric Chalard autour de sa ferme à Reignat (Puy-de-Dôme). Mais, comme une vingtaine de confrères autour des communes de Billom, Lezoux et Pont-du-Château (Puy-de-Dôme), cet agriculteur de 47 ans a aussi planté de l’ail sur 5 ha. Les céréales occupent près de 90 ha.
« L’ail, c’est une culture historique, mes grands-parents en avaient déjà. La terre argilo-calcaire de l’est de la Limagne et la météo favorable sont propices à cette plante qui pousse normalement autour du bassin méditerranéen », explique Cédric Chalard.
Coup de pouce de l’autoroute
Pour valoriser le renouveau de cette production ancestrale, ils ont lancé cet été une demande de classement en indication géographique protégée (IGP), avec le soutien de la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. « La procédure devrait prendre deux à trois ans », confie Laurent Heinis, exploitant à Pont-du-Château et président de la fédération des producteurs d’ail.
Jusqu’à présent, les agriculteurs étaient bloqués par l’existence d’une marque proche, déposée il y a plusieurs années par l’un d’entre eux, l’ail noir de Billom, qui est exporté jusqu’au Japon. « L’Inao était réticente parce que les deux marques étaient trop proches », raconte Laurent Heinis. Après quelques mois de négociations, le collectif l’a cependant emporté. « On a été aidés. La société d’autoroutes APRR nous a versé 25 000 euros au titre des compensations à l’extension de l’autoroute dans la traversée de Clermont-Ferrand, qui a pris des terres agricoles », explique le président.
Sur les 2 500 ha d’ail cultivés en France, une trentaine seulement l’est autour de Billom. Mais, là encore, l’histoire pas si ancienne joue en la faveur des agriculteurs puydômois. « Dans les années 1960, avant la Politique agricole commune (PAC) de l’Europe, le Puy-de-Dôme exploitait 2 000 ha d’ail, avant de se spécialiser dans les céréales pour la Limagne, et l’élevage pour la montagne », compare Laurent Heinis.
Grâce au classement IGP, l’ail rose de Billom pourrait revenir se glisser dans les menus des Français, qui consomment surtout de l’ail espagnol (16 000 tonnes par an) et même importé de Chine (6 500 tonnes).