La scène dit tout de l’inédit et du baroque de la situation dans laquelle est plongé le gouvernement sortant, démissionnaire depuis quarante-neuf jours mais suspendu aux atermoiements d’Emmanuel Macron. Lundi, alors que le président semblait enfin sur le point de nommer son successeur, Gabriel Attal s’est, selon nos informations, dépêché de planter son arbre dans le jardin de Matignon, comme le veut la tradition après six mois en poste, avant de partir. Le Premier ministre démissionnaire a choisi un érable cannelle, reconnaissable au brun de son écorce et réputé avoir… une croissance lente.
En catimini
D’ordinaire, ce cérémonial est immortalisé par les flashs et caméras. Mais cette fois, il s’est tenu en catimini, dans la soirée, avec des membres de son cabinet, le personnel de Matignon et plusieurs ministres. « Il a organisé ça en catastrophe », souffle un membre de son gouvernement. Alors que tout semblait s’accélérer avec les concertations à l’Élysée de Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, puis le surgissement du nom de Thierry Beaudet, Gabriel Attal a lancé les invitations lundi matin, pour le soir même.
Quelques heures qui ont suffi pour un nouveau revirement de la situation : après avoir tenu la corde dans le courant de la journée, l’option Thierry Beaudet avait du plomb dans l’aile suite à l’opposition d’une partie de la majorité. Et alors que les proches du président pariaient sur une nomination « plutôt mardi », l’incertitude planait à nouveau sur le calendrier. L’arbre de Gabriel Attal aura, en tout cas, été planté avant de partir.
