Pour la troisième journée consécutive, la tour Eiffel restera fermée mercredi 21 février en raison de la grève des salariés de la SETE (Société d’exploitation de la tour Eiffel), qui lui reprochent sa gestion financière, ont confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) la CGT et FO, les deux syndicats représentant le personnel.
« On est déterminés et on a impression qu’ils le prennent à la légère », résume Nada Bzioui, déléguée syndicale FO, alors que le conflit social s’enlise entre la direction et les deux syndicats. « Et cela m’étonnerait que ce soit ouvert demain [jeudi] », souligne-t-elle.
Ce conflit, qui avait déjà entraîné la fermeture de la Dame de fer le 27 décembre, jour du centenaire de la mort de Gustave Eiffel, survient en pleines vacances scolaires d’hiver, et à cinq mois des JO (26 juillet-11 août).
Les syndicats reprochent à la Mairie d’être trop gourmande
Mardi, les négociations ont tourné court, la demande des deux syndicats d’obtenir un interlocuteur à la Mairie, actionnaire ultra-majoritaire (99 %) de la SETE, n’ayant pas été entendue. Les représentants des quelque 360 salariés du monument demandent aussi de pouvoir consulter l’avenant au contrat de délégation de service public (DSP) qui court jusqu’en 2030, objet de leur mécontentement sur le fond. Cet avenant, qui prévoit une augmentation de 20 % des prix des billets, doit être validé, en mai prochain, par le Conseil de Paris.
Les deux points de contentieux sont la redevance versée par la SETE à la Mairie et le budget travaux sur le reste de la DSP. Les syndicats reprochent à la Mairie d’être trop gourmande, avec une « hausse exponentielle de sa redevance, de 8 millions à 50 millions d’euros par an », quand la direction assure qu’elle baissera de 51 millions par rapport à ce qui était prévu dans le contrat initial. Selon Nada Bzioui, la direction a expliqué qu’elle « ne touchera pas à la redevance parce que la Mairie en a besoin, ni au PCI (plan contractuel d’investissement) parce qu’on ne peut pas mettre d’argent en plus ».
L’équilibre économique de la tour Eiffel, laquelle a retrouvé en 2023 une fréquentation supérieure à ce qu’elle était avant le Covid-19, avec 6,3 millions de visiteurs, a été fragilisé par quelque 120 millions d’euros de manque à gagner lors des deux années de crise sanitaire (2020 et 2021). Pour faire face, la SETE a bien été recapitalisée à hauteur de 60 millions d’euros en 2021. Mais aux pertes de recettes s’est ajoutée une facture supplémentaire équivalente – environ 130 millions d’euros – de surcoûts de travaux de rénovation, principalement liés à l’actuelle campagne de peinture, compliquée par la découverte de traces de plomb.