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« Scandale », « fraude électorale »… la gauche s’indigne de la reconduction à l’identique des crédits de l’État


C’est une idée qui ne passe pas pour tout le monde. Alors que le gouvernement démissionnaire a proposé ce mardi la reconduction à l’identique des crédits de l’État en 2025, certaines personnalités de gauche s’agacent.

Certes le nouveau budget se veut « réversible » avec des ajustements possibles pour le nouveau gouvernement, mais au vu de l’inflation annuelle de 2 % cela implique de trouver « une dizaine de milliards d’euros » d’économies par rapport à l’an dernier. Les répartitions sont néanmoins légèrement différentes, avec notamment des crédits rognés pour tenir compte de la baisse du chômage, ou pour abaisser la prise en charge de l’apprentissage.

« Un pur scandale »

« Un pur scandale », a réagi sur X (ex-Twitter) le coordinateur de la France insoumise (LFI) et député des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard. « Deux mois après sa défaite électorale, l’ex-gouvernement prétend imposer dix milliards de coupes supplémentaires dans le budget de l’État », a-t-il lancé en appelant Emmanuel Macron à « nommer Lucie Castets (voulu par le Nouveau Front populaire (NFP) pour devenir Première ministre, NDLR) à Matignon afin de préparer un budget à la hauteur des attentes du pays ».

Même son de cloche pour la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot au micro de France Inter ce mercredi matin. « C’est un scandale », a-t-elle affirmé. Pour elle, le gouvernement « sort du cadre des affaires courantes, ce n’est pas son rôle ». « Quand on nous parle de 10 milliards d’euros d’économies, où va-t-on trouver l’argent, dans quels services publics ? » s’est-elle interrogée.

Interrogée par Libération Lucie Castets estime qu’il s’agit d’un « problème démocratique majeur ». « Mener une politique austéritaire dans le contexte actuel me paraît inadapté et irresponsable. Cela relève du dogme plus que de la logique économique », a-t-elle déclaré.

Le député insoumis de Seine-Saint-Denis Thomas Portes parle pour sa part d’une « fraude électorale » qui « continue ». « Balayé dans les urnes, Attal annonce le gel des dépenses de l’état. L’austérité pour le peuple après avoir gavé d’argent leurs amis pendant 7 ans. Il faut en finir avec ces démissionnaires qui ne représentent plus qu’eux-mêmes », a-t-il taclé, également sur X. Toujours chez LFI, le député du Val-d’Oise Paul Vannier critique, lui, « un coup de force ».

Le porte-parole du Parti communiste (PCF) et sénateur de Paris Ian Brossat dénonce pour sa part une situation « hallucinante ». « Désavoué dans les urnes, privé de légitimité, il (Gabriel Attal) ferait mieux de geler toute initiative qui dépasse la gestion des affaires courantes », a taclé Ian Brossat.

« 10 milliards de coupes budgétaires dictées dans des lettres de cadrage par un Premier ministre qui ne l’est plus. C’est un coup de force qui va à l’encontre de la volonté des Français, de l’intérêt du pays. L’austérité n’est pas une affaire courante », s’est également agacé le député écologiste des Yvelines Benjamin Lucas.

« La préparation d’un budget est l’acte le plus politique qui soit », a abondé sur X l’écologiste Sandrine Rousseau, quand l’ex-insoumis Alexis Corbière jugeait sur franceinfo le procédé « très révélateur du caractère anti-démocratique » de l’exécutif. « C’est un fait du prince », a renchéri sur LCI l’eurodéputée LFI Manon Aubry, dénonçant « une situation complètement folle (et) ubuesque ».

À l’inverse, le député socialiste Philippe Brun, vice-président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale et élu du NFP, a paru satisfait ce mardi sur BFM Business de la tournure des événements, et de ce premier jet « essentiellement technique » du projet de loi de finances (PLF), qui permettra d’avoir au 1er octobre un texte à discuter, même très incomplet. Ensuite, pendant la navette parlementaire, en octobre, novembre et décembre, « on aura la possibilité de faire usage du droit d’amendements » a-t-il relevé. Et ainsi de modifier considérablement le texte initial.

Le camp présidentiel s’est efforcé de justifier l’arbitrage de Matignon. « Il faut bien préparer le terrain pour ceux qui vont nous remplacer », a expliqué sur TF1 la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache, évoquant « une base de travail » pour « le prochain gouvernement et le Parlement ». Car si l’équipe démissionnaire était « dans l’obligation de faire » ce premier cadrage budgétaire, « c’est le Parlement qui fera le budget du pays », a souligné le patron des députés Horizons Laurent Marcangeli, rappelant sur franceinfo qu’il reviendra à l’Assemblée puis au Sénat « de trancher à partir d’octobre ».

Ces réactions interviennent peu avant le lancement des consultations voulues par Emmanuel Macron pour Matignon, qui démarrent ce vendredi à 10h30, avec les quatre formations du NFP et Lucie Castets. Les dirigeants du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen et Jordan Bardella, puis leur allié de droite Éric Ciotti, seront, eux, reçus lundi prochain.

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