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« Renault est interrogé sur ses moyens, Stellantis sur ses ambitions »


Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La mention légale figurant sur les publicités de placements financiers peut s’appliquer au secteur automobile français. Nos champions nationaux, Renault et Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Opel, Chrysler…), ont réalisé des performances historiques en 2023. Rien ne garantit que les prouesses soient reproductibles cette année.

Toutefois, les deux rivaux ne sont pas dans une situation comparable. Longtemps au coude-à-coude, ils ne jouent plus dans la même division. Renault, depuis sa prise de distance avec Nissan, est devenu un petit acteur essentiellement européen, tandis que Stellantis profite à la fois de solides positions sur le Vieux Continent, du dynamisme de ses ventes dans les pays émergents et surtout du très rentable marché américain. Le groupe de Carlos Tavares dégage près de neuf fois plus de profits que son concurrent, six fois plus de marge opérationnelle et quatre fois plus de cash. Les investisseurs n’ont d’ailleurs pas la même lecture de la dimension « historique » de leurs résultats respectifs : sur un an, le cours de Bourse de Renault perd 10 %, celui de Stellantis progresse de 50 %.

Quand Renault est interrogé sur ses moyens, Stellantis l’est sur ses ambitions. Depuis que la firme au losange a renoncé à introduire en Bourse Ampere, sa filiale spécialisée dans le véhicule électrique, le doute s’installe. Son concurrent, lui, a des problèmes de riche : que faire de ses 61 milliards d’euros de liquidités ?

Optimisme à toute épreuve de Renault

Ces derniers jours, des rumeurs ont couru sur l’intérêt de Stellantis pour le rachat de Renault, vite démenties. Si sur le plan arithmétique l’opération est crédible (Renault vaut 11 milliards d’euros en Bourse), il ne faut pas surinterpréter le coup de pression mis par Carlos Tavares sur Luca de Meo, son homologue chez Renault, lors d’une interview à Bloomberg, jeudi 15 février. Le patron de Stellantis dit se préparer à une phase de rapprochements inéluctables dans le secteur, prédisant que la ruée vers des véhicules électriques plus abordables se terminera par un « bain de sang ». Et qui dit « sang » dit « proie », catégorie dans laquelle M. Tavares classe Renault en se permettant de critiquer à mots couverts la stratégie de son concurrent qui n’aurait pas la taille nécessaire pour survivre.

Dans cette ambiance, Renault doit montrer à tout prix que son redressement est solide. Pour cela, Luca de Meo fait preuve d’un optimisme à toute épreuve. Il affirme que l’annulation en Bourse d’Ampere n’est pas un problème, que la R5 électrique, encore dans les cartons, ne peut qu’être un succès, tout en visant en 2025 une marge opérationnelle supérieure à 7,5 %.

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