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Postpartum dans le foot féminin : « Montrer que la maternité ne signifie pas la fin d’une carrière »


Sommées ou contraintes d’arrêter leur carrière après leur grossesse, certaines joueuses professionnelles ont témoigné à répétition à propos des difficultés rencontrées pendant leur maternité. En 2021, la Fifa a décidé de légiférer pour protéger les joueuses pendant cette période et favoriser leur retour au haut niveau. Les clubs sont enjoints de proposer un congé maternité d’« au moins quatorze semaines, dont huit après la naissance », rémunéré « au minimum aux deux tiers du salaire contractuel » de la joueuse.

Des dispositions qui ne sont pas toujours respectées : Sara Björk Gunnarsdóttir, alors à l’Olympique Lyonnais, en a subi les conséquences. En 2023, la joueuse islandaise accuse l’OL d’avoir omis de verser l’intégralité de son salaire lors de sa grossesse entre avril et novembre 2021.

Ancien footballeur professionnel, Vincent Gouttebarge est le chef du service médical de la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (FIFPRO). Après avoir constaté des défaillances dans le domaine médicinal, il s’est intéressé à la question du postpartum chez les footballeuses de haut niveau. Depuis 2023, il participe à la conception d’un guide, finalement publié cette semaine, où quatre footballeuses professionnelles retraitées ou en activité, Sara Björk Gunnarsdóttir, Crystal Dunn, Cheyna Matthews et Almuth Schult, se sont confiées sur leur expérience.

Quels sont les objectifs de ce guide ?

VINCENT GOUTTEBARGE. L’idée est de rendre accessible aux joueuses, à leur entourage et aux clubs, un maximum d’informations sur les questions de maternité, de postpartum… On retrouve très peu de matériaux pour aider les footballeuses professionnelles lors de cette phase de leur vie. Ainsi, on espère rectifier ce problème. Ce guide montre aussi que la maternité ne signifie pas la fin d’une carrière professionnelle et qu’elle peut se poursuivre sans encombres avec le suivi adéquat.

Sur quoi se fonde-t-il ?

Il s’agit d’un document qui recueille d’un côté des connaissances scientifiques et médicales qui étaient disponibles sur le retour au sport post-partum des athlètes d’élite en général, et dans un second temps d’identifier les meilleures pratiques disponibles. Puis, de mêler l’expertise médicale aux expériences personnelles des footballeuses.

Au-delà, préconisez-vous que chaque fédération ou club dispose de son propre guide ?

Forcément, il pourrait y avoir une approche spécifique par club et par fédération. Mais, je crois qu’il faut se baser sur une façon uniforme d’aborder la question. Le football est un sport global et international donc ce ne serait pas pertinent. Il faut avoir des matériaux de base, comme le guide que l’on a développé, de manière à avoir un minimum de standards. Après, s’il y a des clubs qui ont un petit peu plus de ressources, ils pourraient par exemple recruter un professionnel de plus, de telle sorte que les joueuses soient guidées dans cette période de leur vie.

Dans quelle mesure les prises de parole de certaines joueuses comme Sara Björk Gunnarsdóttir ont-elles fait bouger les consciences ?

C’est essentiel d’entendre la parole des joueuses, notamment celles qui ont une voix publique relativement forte comme Sara Björk Gunnarsdóttir (à propos des congés maternité impayés par l’Olympique lyonnais). Car, c’est aussi par l’expérience propre de chacune qu’on apprend et que certaines joueuses, elles aussi concernées, peuvent s’y identifier. Les footballeuses professionnelles qui nous ont accompagnées dans le développement de ce guide portent ces questions et permettent aux autres joueuses de comprendre leur situation.

Pensez-vous que certaines instances devraient davantage légiférer sur les congés maternité, l’accompagnement post-accouchement par exemple ?

La Fifa pourrait montrer la voie, comme elle le fait sur la question des commotions cérébrales lors des Coupe du monde par exemple. Les fédérations, les clubs notamment, devraient directement légiférer sur ces questions. Il me semble aussi que la coordination devrait être globale et internationale sur ces sujets d’accompagnement pendant et après la maternité.

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