Chez les jeunes filles, les premières règles surviennent de plus en plus tôt, mais les connaissances sur les menstruations, elles, arrivent toujours bien tard. Selon une enquête de l’association Règles Élémentaires, qui mène des actions de sensibilisation notamment dans les établissements scolaires, 80 % des filles ont leurs règles avant 13 ans, 20 % sont encore en primaire. Parmi elles, la plupart ne recevront d’enseignement à ce sujet qu’à 13 ans. Et pour celles qui sont encore sur les bancs de l’école, elles devront attendre entre 3 et 5 ans avant de savoir ce qui leur arrive.
Pour lutter contre ce qui reste un tabou, en ce vendredi décrété Journée internationale des droits des filles, l’association lance « Parlons règles ». Une plate-forme en ligne, gratuite, d’éducation menstruelle dédiée aux 8-14 ans, à leurs parents et à leurs enseignants qui ne savent pas toujours trouver les mots.
Elle comporte des vidéos et un chat pour répondre aux questions que se posent les jeunes, filles comme garçons. Une première. Aujourd’hui encore, le seul enseignement officiel se fait le plus souvent en classe de SVT (sciences de la vie et de la terre), en 4e. Avant, c’est au bon vouloir de la famille ou du personnel scolaire.
« Nous avons découvert l’ampleur de la méconnaissance sur le sujet »
« Cela fait bientôt quatre ans que nous faisons des interventions dans les classes au collège, mais aussi en primaire, explique Maud Leblon, directrice générale de l’association Règles Élémentaires. Nous avons touché près de 10 000 élèves et donc découvert l’ampleur de la méconnaissance du sujet », précise-t-elle.
Quant à l’enseignement en SVT, il est abordé sous le prisme de la reproduction. « Ce qui n’est pas adapté aux questions que les jeunes se posent, à l’impact sur la vie en collectivité, sur la scolarité… Résultat, tout le monde reste un peu tout seul avec son vécu », déplore la responsable. En effet, qui va lever la main pour demander en classe : « On peut perdre un tampon dans son corps ? », « Les règles, c’est du sang sale ? », comme cela a été le cas pour ces élèves lors de la version test du chat ? Personne.
53 % des filles de plus de 15 ans ont déjà manqué l’école à cause de leurs règles. Parmi elles, 68 % sont absentes plusieurs fois par an. Des taux importants qui ont des conséquences préjudiciables sur la scolarité. « La première cause qu’elles mettent en avant pour expliquer cet absentéisme est les douleurs. Mais en discutant avec elles, on se rend compte que, pour la plupart, ce ne sont pas des douleurs pathologiques, annonce Maud Leblon. Le problème est qu’elles ne peuvent pas les gérer dans un lieu si peu adapté tel que l’école. »
C’est-à-dire ? « Elles se disent qu’elles vont avoir deux heures de sport mais qu’elles ne pourront pas se poser 5 minutes parce qu’elles ont mal ou poser une bouillotte sur leur ventre », illustre-t-elle. Et la deuxième raison mise en avant pour manquer les cours ? La peur de la tâche, des moqueries, des humiliations. D’où la nécessité d’intégrer aussi les garçons dans cette démarche.