A quelques jours du Salon de l’agriculture, la mobilisation des agriculteurs ne se dément pas. A l’appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA), un convoi d’une quarantaine de tracteurs et de centaines de personnes venues de la région Provence-Alpes-Cotes d’Azur (PACA) a défilé, lundi 19 février, dans le centre de la cité phocéenne, pour réclamer de pouvoir « vivre de leur métier ».
On veut pouvoir « vivre de notre métier, pas d’aides », a expliqué Romain Blanchard, président de la FNSEA des Bouches-du-Rhône, rappelant que les agriculteurs n’avaient pas cessé mais « suspendu » leur mouvement de protestation fin janvier.
« Le gouvernement et l’administration n’ont pas bien compris nos revendications », a-t-il ajouté, estimant que la mobilisation d’autres agriculteurs dans différents pays de l’Union européenne montre qu’« on est dans le vrai, qu’on a raison de faire ce qu’on fait ».
« Tout a augmenté » et cette hausse des prix « nous tire vers le bas », a regretté Charly Recchia, un trentenaire qui travaille dans une exploitation agricole du Var et a roulé pendant près de trois heures à bord de son tracteur pour rejoindre la manifestation.
Fumier et palettes devant les préfectures
Les manifestants, qui transportaient deux remorques de fumier, prévoyaient de s’arrêter devant la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) et de passer à proximité de la préfecture.
Dans la Marne, des membres des Jeunes Agriculteurs ont déversé, lundi matin, du fumier, des roues et des palettes devant la préfecture à Châlons-en Champagne, mais aussi les sous-préfectures de Reims, Vitry et Epernay, pour protester contre l’« inaction » des services de l’Etat après les annonces gouvernementales.
Après les promesses du premier ministre, Gabriel Attal, à la fin de janvier, « les premiers échanges avec la préfecture de la Marne, le 5 février 2024, sont restés très superficiels », déplorent-ils. Espérant un calendrier précis de mise en œuvre, ils ont « souhaité exprimer leur détermination à maintenir la pression ».
Plus au nord, à Dunkerque, une cinquantaine de tracteurs ont mené une opération escargot. Les manifestants réclament eux aussi la concrétisation des promesses et refusent des expropriations de terres agricoles dans le cadre du projet d’extension du port maritime, selon l’Agence France-Presse.
Un Salon de l’agriculture sous le signe de la colère
« C’est énorme », « ça représente cinquante exploitations agricoles », et les agriculteurs seront indemnisés pour « boiser, faire du vert » sans avoir été concertés, a souligné Laurent Declercq, éleveur à Loon-Plage et président de la section cantonale du syndicat FDSEA. Après avoir brièvement bloqué un accès au port, ils se sont rassemblés devant la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.
Mercredi à Matignon, trois jours avant l’ouverture du Salon de l’agriculture, Gabriel Attal tiendra une conférence de presse consacrée à la crise agricole. Trois semaines après une vague de manifestations, le chef du gouvernement évoquera la réécriture du projet de loi suspendu au début de la crise, ainsi que le suivi et l’exécution des mesures déjà annoncées par le gouvernement, a précisé Matignon.