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Colère des agriculteurs : le mouvement reprend dans les Bouches-du-Rhône, des convois de tracteurs ont rallié Marseille


Les cortèges de tracteurs de retour sur les routes. À quelques jours du très attendu Salon de l’agriculture, qui se tiendra samedi à Paris, les agriculteurs continuent de vouloir faire pression sur le gouvernement, en particulier dans les Bouches-du-Rhône. Plusieurs convois ont convergé vers Marseille et sont entrés dans la cité phocéenne ce lundi matin. Après des annonces gouvernementales qui avaient permis la levée de blocages à travers le pays fin janvier, la filière se dit prête à reprendre la contestation, estimant que les promesses de l’exécutif tardent à se matérialiser concrètement.

Une quarantaine de tracteurs ont ainsi défilé dans le centre de Marseille à l’appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs pour réclamer de pouvoir « vivre de leur métier ». Le cortège, rassemblant plusieurs centaines de personnes venues de toute la région Provence-Alpes-Côte-D’Azur, s’était rassemblé près du Vieux-Port avant de parcourir le centre-ville avec des pancartes proclamant « On attend toujours des réponses », « Produits étrangers = cancer » ou encore « On est là pour vous nourrir, pas pour mourir, lâchez-nous la grappe ».

On veut pouvoir « vivre de notre métier, pas d’aides », a expliqué à l’AFP Romain Blanchard, président de la FNSEA des Bouches-du-Rhône, rappelant que les agriculteurs n’avaient pas cessé mais « suspendu » leur mouvement de protestation fin janvier. « Le gouvernement et l’administration n’ont pas bien compris nos revendications », a-t-il ajouté, estimant que la mobilisation d’autres agriculteurs dans différents pays de l’Union européenne montre qu’« on est dans le vrai, qu’on a raison de faire ce qu’on fait ».

Un portail enfoncé et des branchages déversés

« Si les annonces faites le 1er février étaient porteuses d’espoir, force est de constater qu’elles ont du mal à se concrétiser en région. Les services de l’État font preuve d’inertie et de mauvaise grâce pour mettre en œuvre les mesures de simplification et de contrôles tant attendues par les exploitations », accusaient un peu plus tôt la Fédération Régionale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FRSEA) et les Jeunes agriculteurs de Paca dans un communiqué commun, cité par France 3.

Les cortèges étaient partis de Trets, de Saint-Cannat, de Rousset ou encore des Milles en direction de Marseille, et des convois se sont rejoints au niveau de Plan-de-Campagne, selon La Provence. La circulation a été particulièrement tendue sur plusieurs axes du département sur lesquels les tracteurs ont été appelés à circuler, à savoir la D6, l’A51 et l’A7. Des transferts en bus étaient même prévus depuis le Var pour rejoindre la cité phocéenne, selon France Bleu. Tôt ce lundi matin, des bouchons ont ainsi commencé à se former en direction de la ville, selon les médias locaux.

Dès 9 heures, de premiers tracteurs ont commencé à arriver au niveau du MuCEM, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée de Marseille, désigné comme point de ralliement. Ils y sont restés pendant deux heures, avant de prendre la direction du centre-ville. En signe de protestation, les convois ont déversé branchages et détritus devant les bureaux de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf).

Mettant ensuite le cap vers le Boulevard des Dames, ils ont enfoncé avec la remorque d’un tracteur le portail de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dréal), en déversant des vieux ballots de paille, rembobine La Provence. La tension est montée d’un cran après qu’un cendrier a été jeté sur les protestataires depuis un étage du bâtiment, blessant légèrement un agriculteur au crâne. Le directeur de l’institution est descendu dans la rue pour tenter de ramener le calme.

Le cortège doit désormais passer par la préfecture. Cette dernière avait appelé ce lundi matin à « éviter le secteur MuCEM et Vieux-Port à partir de 10 heures ». Une conférence de presse des agriculteurs est prévue en fin de journée, à 17 heures, avant que les convois ne rentrent vers les exploitations.

Les taxis se joignent à la contestation

En parallèle, les chauffeurs de taxi se mobilisent également, avec des grèves et opérations escargot prévues dans plusieurs villes ce lundi. Dans les Bouches-du-Rhône, plusieurs barrages filtrants ont été érigés, notamment au niveau de l’accès au dépose-minute de la gare Saint-Charles, aux entrées de l’aéroport Marseille-Provence qui ont été saturées, entraînant un pic d’une heure et demie de bouchons vers 10 heures, et à l’entrée de la gare d’Aix-en-Provence TGV, toujours selon les médias locaux.

Des blocages ont aussi été organisés par une centaine de taxis au niveau du rond-point de la Fossette à Fos-sur-Mer, avec des bouchons importants à signaler sur la N 568, avant que l’opération ne soit levée en début d’après-midi. Depuis plusieurs semaines, les taxis ont monté un mouvement de contestation pour revendiquer de meilleures rémunérations et le retrait d’une convention passée avec la Caisse nationale de l’assurance maladie au sujet du transport médical.

Face aux perturbations de circulation, le préfet des Bouches-du-Rhône conseille de « rester sur le réseau autoroutier de l’A54 puis de l’A7 » pour rejoindre Marseille, et « d’emprunter l’A50 » depuis Aix-en-Provence. Pour rallier la zone portuaire de Fos-sur-Mer, il est recommandé « d’éviter d’emprunter la RN 568 ». Les autorités appellent plus largement à anticiper les déplacements et « rester prudents à l’approche des points de congestion ».

Invité sur Europe 1 ce lundi matin, le président de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire en France, a prévenu que « la colère est toujours là » et que l’attente vis-à-vis du gouvernement reste « très forte ». « On va arriver dans le temps où on va attendre la décision politique », a mis en garde Arnaud Rousseau, qui sera reçu mardi par le président Emmanuel Macron, aux côtés du patron des Jeunes agriculteurs (JA). Si les annonces ne sont pas à la hauteur des attentes, « les agriculteurs feront le constat qu’on se moque d’eux et j’imagine que les actions reprendront », a-t-il ajouté. Le gouvernement a par ailleurs annoncé que le Premier ministre Gabriel Attal tiendra une conférence de presse dédiée à la crise agricole mercredi.

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