Les hausses d’impôts évoquées depuis plusieurs semaines par Michel Barnier se précisent. Quelque « 300 entreprises » seront concernées par des hausses d’impôts, pendant « un an ou deux », a affirmé jeudi Michel Barnier sur France 2, réfutant tout « choc fiscal » comme l’accusent certains, y compris ses partenaires de la macronie.
« Nous allons demander un effort aux plus grandes entreprises qui font plus de 1 milliard (d’euros de chiffre d’affaires) et un effort exceptionnel temporaire (…). Cela représente 300 entreprises », a développé le Premier ministre. Le « temps » de cette contribution supplémentaire « sera fixé dans la loi », et « ce sera un an et peut-être deux ans », a-t-il précisé.
Lors de son discours de politique générale, le chef du gouvernement avait déjà confirmé que les grandes entreprises, c’est-à-dire celles qui « réalisent des profits importants », mais aussi les « Français les plus fortunés » seront davantage mis à contribution dans le cadre du budget 2025 pour redresser les comptes du pays.
2 milliards d’euros d’économie
La France affiche actuellement une dette de 3 228 milliards d’euros. Et son déficit, qui devait atteindre 5 % cette année, va dépasser les 6 % sans mesures correctives.
D’après Michel Barnier, ces hausses d’impôts permettront de « récupérer 2 milliards d’euros ». « L’effort que nous allons demander » aux « personnes les plus fortunées » permettra « de récupérer 2 milliards d’euros », a estimé jeudi le Premier ministre Michel Barnier, sur France 2.
« L’effort que nous allons demander est fondé sur un dispositif fiscal sur les très hauts revenus qui a été mis en place par François Fillon et Nicolas Sarkozy il y a quelques années. On va ajouter quelque chose à ce dispositif pour la participation exceptionnelle et temporaire des personnes les plus fortunées », a ajouté le chef du gouvernement.
Autre mesure visant à faire des économies : le gouvernement de Michel Barnier compte « fusionner des services publics » et « sans doute ne pas remplacer tous les fonctionnaires » afin de réduire les dépenses publiques, a expliqué le Premier ministre jeudi soir sur France 2. « On va fusionner des services publics. On va sans doute ne pas remplacer tous les fonctionnaires quand ils ne sont pas en contact direct avec les citoyens, tous les fonctionnaires qui partent en retraite », a expliqué Michel Barnier.
« Allocation sociale unique »
Le Premier ministre Michel Barnier a également fait savoir son intention de lancer « pour l’année prochaine » un chantier de « l’allocation sociale unique ». L’objectif de cette mesure sera « de telle sorte qu’au bout de ce travail, ça paye plus de travailler que de ne pas travailler », a-t-il déclaré, en précisant que ce « chantier va prendre un peu de temps ».
Michel Barnier a considéré qu’« il faut que le travail paie plus que l’addition des allocations ». Mais aussi qu’il fallait « débureaucratiser » les allocations et « peut-être parfois en augmenter certaines », comme celle destinée aux « personnes en situation de handicap ». Le Premier ministre a ajouté ne pas avoir « trouvé de propositions concrètes sur ce sujet » de l’allocation unique.
Ce projet fait partie de ceux présentés mercredi par Laurent Wauquiez, président des députés Droite républicaine (ex-LR). Avec ses troupes, il préconise une « allocation sociale unique plafonnée » à « 70 % du Smic », destinée selon lui à lutter contre l’« assistanat ».
« Pause sur les normes »
Le Premier ministre Michel Barnier a en outre promis de « faire une pause sur les normes » pour « encourager » les agriculteurs touchés par les crises. « Ces agriculteurs qui sont touchés par des crises sanitaires, des mauvaises récoltes, méritent d’être encouragés. Ils en ont ras le bol. Ras-le-bol des contraintes, des règles et des contrôles. Donc on va faire une pause sur les normes », a-t-il déclaré sur France 2.
« Ils travaillent beaucoup, de manière vitale, pour faire vivre, pour nourrir les Français avec de la nourriture saine, équilibrée, diversifiée, traçable », a souligné Michel Barnier qui fut ministre de l’Agriculture de 2007 à 2009 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Le Premier ministre doit se rendre vendredi au Sommet de l’élevage à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme), auprès d’une profession dont les troupeaux sont touchés par plusieurs maladies pour son deuxième déplacement en province après le congrès des pompiers à Mâcon samedi.
Il a également annoncé que son gouvernement « reprendrait sans délai » le projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole, qui avait été modifié après les manifestations du secteur début 2024. Mais son examen avait été interrompu par la dissolution. Ce projet de loi place l’agriculture au rang d’intérêt général majeur, met en place un guichet unique pour l’installation de nouveaux agriculteurs, facilite la construction de bâtiments d’élevage ou de réserves d’eau.
« C’est moi qui fixe la ligne »
Sur l’immigration enfin, Michel Barnier a tenu à réaffirmer sa position. « C’est moi qui fixe la ligne » sur l’immigration, et « il y aura des mesures rigoureuses pour (la) maîtriser », a-t-il assuré, après des propos controversés du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, notamment sur l’État de droit.
Le Premier ministre a semblé écarter l’idée d’une nouvelle loi sur l’immigration, comme réclamée par la cheffe de file des députés du Rassemblement national Marine Le Pen. « Je ne vais pas annoncer des lois à l’avance », a-t-il dit, mais « peut-être qu’il y aura des changements de la loi (actuelle) si c’est nécessaire ». « Je ne vais pas me lancer dans des grands débats idéologiques ».