Il était hier un vif opposant à Mathieu Klein, le maire de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Kevin Grillo est aujourd’hui employé par cette même mairie. Sous contrat à durée déterminée jusqu’à la fin de l’année 2024 au service Parcs et jardins de la municipalité, l’ancien leader du Bloc lorrain a longtemps participé et animé des manifestations anti-passe sanitaire, souvent accompagnées de débordements dans les rues du centre-ville.
L’association a été dissoute par le Conseil d’État, en raison du comportement de plusieurs de ses membres lors des rassemblements pendant lesquels cet ancien commercial n’était pas tendre avec le maire « Klein, le macroniste ». Le premier magistrat de la ville avait porté plainte, en raison de menaces de mort et de propos outranciers relayés sur la page Facebook du Bloc lorrain. D’où l’étonnement de fonctionnaires de la mairie nancéienne pour le moins surpris de ce contrat de travail.
« Nous avons porté plainte et aujourd’hui, il est mon collègue ! »
Julien Barbier, représentant FO des policiers municipaux, dénonce : « Il m’a filmé et diffusé sur les réseaux sociaux, ce qui m’a valu des commentaires désobligeants. Nous avons porté plainte et aujourd’hui, il est mon collègue ! » s’étrangle le syndicaliste, qui rappelle que « pendant des mois, lui et les manifestants ont pris en otage les rues du centre de Nancy ».
Des agents municipaux font valoir que la candidature de l’ancien leader du Bloc lorrain est selon toute vraisemblance « passée entre les gouttes » des opérations de recrutement. Kevin Grillo, de son côté, établit une distinction entre mission professionnelle d’un côté, opinions politiques de l’autre.
« C’est de la fonction publique. Si dans chaque mairie, il fallait que les agents soient politiquement d’accord avec le maire, ce serait compliqué de trouver des agents », justifie-t-il en substance, considérant qu’il « n’y a pas forcément de paradoxe » entre ses griefs publics d’hier et son embauche à la mairie, en lien avec ses compétences professionnelles. « Je suis davantage proche de Mathieu Klein que je pourrais l’être de Laurent Hénart » (prédécesseur de l’actuel maire), poursuit-il.
Interrogée, la mairie nancéienne fait valoir que le poste de l’agent est « lié à un surcroît d’activité ». Mais, précise le service communication, le profil « ne comportait pas de contre-indication à l’embauche, d’autant que, renseignements pris, les états de service sont plutôt bons ».
