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« Le cacao caracole au plus haut »


Un ouvrier agricole ramasse des cabosses de cacao dans une plantation du village d’Hermankono, dans le sud de la Côte d’Ivoire, le 14 novembre 2023.

La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre brune : le cacao caracole au plus haut. Son cours atteint des niveaux jamais vus. A New York, il a dépassé, vendredi 9 février, en séance, les 6 000 dollars (5 600 euros) la tonne sur son contrat pour livraison en mars, culminant à 6 030 dollars. Il pulvérise ainsi son précédent record historique, de 5 379 dollars la tonne, établi en 1977. Idem à Londres, où le prix du cacao s’élevait, le même jour, à 4 786 livres sterling (5 600 euros) la tonne.

Une flambée alimentée par la peur de manquer de cette précieuse denrée. Tous les regards sont tournés vers la Côte d’Ivoire et le Ghana, deux pays qui produisent à eux seuls près de 60 % des volumes mondiaux de cacao. Les épisodes météorologiques ont cabossé les cacaoyers et assombri le tableau. Des pluies se sont déversées en abondance et ont favorisé le développement de maladies fongiques. Puis des vents secs et intenses ont soufflé sur les espoirs de collectes futures.

Résultat : même si la grande récolte, qui a débuté en octobre 2023 et doit s’achever fin mars, n’est pas terminée, chacun tente de la soupeser. « Selon les estimations, la production ivoirienne de cacao pour la campagne 2023-2024 pourrait s’élever à 1,8 million de tonnes, contre 2,3 millions de tonnes l’année précédente », avance François Griffon, analyste de marché chez Nitidæ, qui cite un autre indicateur scruté par les opérateurs : les volumes de fèves livrés dans les ports. Or ils sont en baisse.

Déficit de l’offre

La température monte d’autant plus dans les salles de marché que les investisseurs font preuve de pessimisme. Certains s’interrogent sur le caractère structurel du reflux de la production de cacao en Afrique de l’Ouest. Officiellement, le gouvernement ivoirien n’autorise plus de nouvelles plantations depuis 2018. Il est vrai que la forêt, ratiboisée par la vague de cacaoyers qui a déferlé, ne couvre plus que 9 % du territoire national. Même les forêts classées ont bu la tasse – de chocolat. « Le front pionnier de déforestation offrait de meilleurs rendements que les cacaoyères plus vieilles », souligne M. Griffon.

Certains planteurs ivoiriens ont peut-être choisi, aussi, de privilégier l’hévéa ou le palmier à huile. Car, souvent, ramasser la cabosse revient pour eux à bosser pour des prunes. Dans un contexte de déficit de l’offre, ils attendaient beaucoup de la fixation des tarifs de la nouvelle campagne. Las, le prix payé par kilo de fèves « bord champ » (achetées directement au producteur) est passé de 900 à 1 000 francs CFA (de 1,37 à 1,52 euro). Une hausse de 11 %, sans comparaison avec le quasi-doublement du cours du cacao. D’autant que la facture des engrais et fongicides a bondi. Les planteurs sont toujours chocolat.

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