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L‘avortement, « un droit qui reste fragile » : ce que révèle le premier baromètre sur l’accès à l’IVG


C’est un événement pour lequel Salima Saa, la nouvelle secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, a réservé l’une de ses premières sorties : la présentation, ce jeudi 26 septembre, des résultats du premier baromètre sur l’accès à l’avortement en France. À l’initiative du Planning familial, l’Ifop s’est penché sur les réalités du terrain et les freins persistants à l’application de ce droit, constitutionnalisé depuis le 8 mars dernier.

Premier constat : presque cinquante ans après la loi Veil, « c’est un droit qui reste fragile », insiste Sarah Durocher, présidente du Planning familial, évoquant notamment les multiples attaques contre les locaux de l’association. Par ailleurs, « sa constitutionnalisation ne le rend pas forcément effectif », prévient Agathe Hamel, présidente de la délégation aux droits des Femmes et à l’égalité au sein du CESE (Conseil économique, social et environnemental). Qu’est-ce qui inquiète ?

Un manque de structure et des délais trop longs

Dans cette enquête menée auprès du grand public, et parallèlement auprès de femmes ayant avorté il y a moins de cinq ans, il apparaît que 85 % des personnes sont attachées à ce droit. Mais malgré cette adhésion, 89 % du public interrogé relève des obstacles persistants.

Au premier rang d’entre eux, un manque de structures et des délais trop longs. Plus de la moitié des femmes ont dû attendre plus de sept jours pour avoir un rendez-vous, au lieu des cinq recommandés par l’OMS (Organisation mondiale de la santé).

Ces 15 dernières années, 130 centres IVG (Interruption volontaire de grossesse) ont, en effet, été fermés et d’autres sont menacés. Les zones rurales sont particulièrement touchées. Notons, toutefois, que, depuis le décret du 23 avril 2024, les sages-femmes peuvent pratiquer l’IVG instrumentale au sein des établissements de santé, en plus de celles réalisées par voie médicamenteuse. De même, la loi Gaillot de mars 2022 a allongé de deux semaines le délai légal pour avoir recours à l’IVG, qui est ainsi porté de 12 à 14 semaines de grossesse.

Une femme sur trois a ressenti des pressions lors de cette démarche

Autre enseignement de cette enquête : la stigmatisation de l’IVG, très présente, alimente un tabou sur l’avortement. Ainsi, une femme sur trois a ressenti des pressions lors de cette démarche. Des pressions de la part de mouvements anti-avortement, des personnels de santé ou de leur entourage.

La peur de parler, d’être jugées, apparaît aussi comme un frein irréfutable. « Nous avons eu des témoignages de femmes qui ont été contraintes de voir l’échographie du fœtus ou d’écouter les battements du cœur », précise même Mirabelle Barbier, cheffe de groupe – Département Opinion & Stratégies d’Entreprise à l’Ifop.

« Vous ne me connaissez pas encore, mais je peux vous assurer de mon engagement », insiste Salima Saa, qui, en tant qu’ancienne préfète de la Corrèze, atteste des nombreux obstacles rencontrés en zone rurale. À la cité audacieuse (Paris VIe), cette présentation intervient deux jours avant la Journée internationale de l’avortement et au lendemain de la publication des chiffres sur ce thème, émanant de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

En 2023, 243 623 femmes ont eu recours à une IVG, soit 8 600 de plus qu’en 2022 (+ 3,7 %). « La hausse du nombre d’IVG observée en 2022 se poursuit, après la nette baisse en 2020 et 2021 en lien avec la pandémie de Covid-19 », observe ce service statistique ministériel.

Un manque d’information sur la contraception

Les associations soulignent, elles, le manque d’information autour de la contraception et à léducation à la sexualité. Et ces dernières d’évoquer la récente alerte de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) pointant une baisse du recours à un moyen contraceptif chez les jeunes. Près d’un tiers des adolescents déclare en effet que leur dernier rapport n’était pas protégé.

« Il est temps » que l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, obligatoire depuis 2001 dans les établissements scolaires mais peu enseignée dans les faits, soit « effective », estime ainsi la secrétaire d’État chargée de l’Égalité femmes-hommes. « Il est temps de passer de la déploration à l’action », exhorte-t-elle.

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