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La demande de logement social en forte hausse, dix ans d’attente en Île-de-France


Le résultat de l’équation est implacable pour expliquer la crise actuelle du logement social. Avec moins de logements en construction et plus de demandes, l’ancienne ministre du Logement Emmanuelle Cosse, désormais présidente de l’Union sociale pour l’habitat, dévoile ce mercredi les chiffres inquiétants du nombre de ménages en attente de logements sociaux.

« Aujourd’hui, on pense qu’on a 2,6 millions demandeurs en attente d’un logement social, c’est 100 000 supplémentaires par rapport à l’an passé, avait-elle lancé mardi sur RTL. « En moyenne, l’attente est de 6 à 7 ans, 10 ans en Île-de-France, même s’il y a des ménages en grande urgence qui vont être logés rapidement », ajoute-t-elle.

Les demandeurs, « des personnes qui travaillent »

« D’abord, on construit de moins en moins, autour de 82 000 logements sociaux cette année, contre 120 000 il y a cinq ans. Et entre-temps la demande HLM n’a cessé de croître, parce que beaucoup de ménages n’arrivent pas à trouver un logement en dehors du logement social », explique-t-elle.

Et pourtant, selon Emmanuelle Cosse, les demandeurs sont en général « des personnes qui travaillent, ont un salaire autour du Smic, beaucoup de familles monoparentales, et qui cherchent un logement dans tout le territoire, y compris les villes moyennes ».

Emmanuelle Cosse estime que depuis 2017 que le gouvernement a fait le « choix politique » de ne pas soutenir le logement social, ce qui explique la situation actuelle.

Elle estime que le prochain gouvernement devra « annoncer qu’on réinvestit, que la puissance publique réinvestit dans le logement et surtout qu’on admet qu’on ne peut pas accepter qu’un pays se développe économiquement si des gens sont à la rue. Il est impensable que des ouvriers, que des fonctionnaires dorment dans leur voiture. C’est une réalité », lance-t-elle.

Un changement de politique sur le logement social

Dès la nomination de Michel Barnier, l’USH a demandé au nouveau Premier ministre d’engager ce changement de politique en matière de logement. À court terme, l’USH préconise plusieurs actions fortes pour lutter contre cette crise. À commencer par la suppression de la Réduction de loyer de solidarité (RLS), inventée à l’été 2017 pour masquer les effets de la baisse des APL pour les locataires du parc social.

« Depuis 2018, ce sont plus de 8 milliards d’euros qui ont été détournés du logement social par la RLS, avec pour effets la chute de la production et la diminution des dépenses d’entretien. La suppression de la RLS est essentielle pour permettre aux organismes HLM de produire plus de logements sociaux et pour améliorer la qualité de service due aux locataires du parc social », précise l’USH.

Le mouvement des HLM souhaite aussi le rétablissement d’un taux de TVA réduit à 5,5 % pour l’ensemble de la production et de la rénovation du parc social, la relance de l’accession sociale à la propriété pour renouer avec une dynamique de parcours résidentiel, un plan de soutien pour la rénovation énergétique dans le parc social. Enfin l’USH souhaite l’amplification de la loi SRU, qui en 20 ans a permis la production de 900 000 logements sociaux.

« Mais en 2023, il manquait encore 551 350 logements sociaux dans les 1 161 communes déficitaires. Cette situation appelle une réponse ferme de l’État, qui doit se donner les moyens d’accompagner les collectivités locales pour qu’elles appliquent la loi sans la contourner », conclut l’USH.

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