Test ou bouteille à la mer ? Marylise Léon a tendu ce dimanche sur France Inter une première perche au Premier ministre. La secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat sur l’échiquier, demande à Michel Barnier qu’ « a minima, on suspend(e) la réforme » des retraites le temps de nouvelles discussions avec son gouvernement. La syndicaliste entend le prendre au mot lorsque vendredi il s’est dit vouloir « ouvrir le débat » pour une « amélioration » de la très impopulaire réforme. Même si, derrière ce semblant de porte ouverte, le remplaçant de Gabriel Attal rompu à l’exercice des négociations bruxelloises les plus difficiles, a posé d’ores et déjà ses limites : sans « tout remettre en cause », a-t-il bien insisté.
Un flou dans lequel Marylise Léon a choisi de s’engouffrer. Celui qui défendait lors des primaires de LR en 2021 l’âge de la retraite à 65 ans, en droite ligne avec la position du patronat, et qui a récemment donné des gages à Emmanuel Macron, notamment de ne pas détricoter ses réformes, va-t-il être sensible aux arguments syndicaux ?
« C’est une réforme profondément injuste »
Les positions des uns et des autres sont connues et n’ont pas changé d’un iota, focalisées sur l’âge des 64 ans. De la CFDT à FO en passant par la CGT, ils ont manifesté des mois durant, s’appuyant sur le non massif de l’opinion pour exiger le retrait de la réforme de 2023. Il faut qu’ « on fasse la démonstration – comme on a essayé de le faire pendant toute la mobilisation contre la réforme des retraites — que c’est une réforme profondément injuste », se persuade encore Marylise Léon, assurant avoir « énormément de témoignages encore récemment sur la brutalité de ce décalage d’âge ».
Techniquement, suspendre la réforme reviendrait pour la Cnav, l’opérateur de la réforme côté régime général, à bloquer tous les dossiers des départs en retraite prévus dans les prochaines semaines, donc à en différer la date. Et ce, sans apporter aucune garantie aux personnes concernées. « Dans tous les cas, s’il y avait des changements, il faudrait prévoir pour l’Assurance retraite un délai d’au moins cinq à six mois », a prévenu son directeur général Renaud Villard dans nos colonnes.
Une réunion de l’intersyndicale initiée lors des mobilisations contre la réforme des retraites est prévue ce lundi. Le sujet sera évidemment à l’ordre du jour des échanges entre les numéros un. Tout comme l’appel à la mobilisation le 1er octobre lancée en solo par la CGT. D’autres syndicats pourraient s’y joindre une fois le voile levé sur la feuille de marche du Premier ministre et notamment le plan d’économies de 20 milliards du gouvernement Barnier… dans les prochaines semaines.