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« Il m’a violééé » : la tendance TikTok qui aide à dénoncer les violences sexuelles


Ce moyen de dénoncer des violences sexuelles est pour le moins déconcertant. Sur le réseau social TikTok, des jeunes gens ont décidé de publier des vidéos révélant le viol qu’ils ont subi, mais pas n’importe comment. Face caméra, ils ne parlent pas. Seul un hashtag les surplombe, le glaçant #Ilmaviolééé.

Le verbe est étendu sur la longueur pour copier et réécrire le refrain de la chanson sur laquelle les victimes dansent. Car, oui, elles dansent et même sur un titre très entraînant du chanteur Kendji Girac, sorti en 2014 : « Elle m’a aimé », évoquant une rupture amoureuse.

Le paradoxe entre l’annonce terrible faite par ces jeunes, femmes comme hommes, la musique enjouée sur laquelle elle est révélée et les pas de danse qui l’accompagnent, provoque chez le spectateur un mélange d’émotions navigant entre perplexité et empathie. Tout est parti d’une « trend » (tendance) déjà existante.

Une tendance qui est « allée crescendo »

Depuis des mois, tiktokeuses et tiktokeurs se filmaient sur le même modèle : dansant sur la fameuse chanson de Kendji Girac, mais le hashtag apparaissant sur la vidéo concernait un tout autre sujet : #Ilmatrompééé, #Ilmavolééé et bien d’autres.

« Au début, cette trend critiquait les pratiques sexuelles et les fantasmes chelous de ton ex, mais aussi les trahisons en amour et en amitié », explique Romane, 18 ans, qui elle-même a publié une vidéo dénonçant les propos toxiques d’un ex sur son physique. « C’est allé crescendo. Progressivement, les gens se sont mis à révéler des agressions sexuelles et maintenant, le viol », décrypte-t-elle encore. Comme l’avait fait en son temps Twitter, en relayant #MeToo dès 2017.

Le 20 mars, le chanteur Bilal Hassani a donné encore plus d’ampleur au phénomène. Sur TikTok, il a partagé une vidéo où il se déhanche sur le rythme gitan de la chanson, ce message au-dessus de sa tête : « il m’a violéééé ». En septembre 2022, l’interprète de « Roi » avait déjà révélé dans l’émission hebdomadaire de TF 1, Sept à Huit, avoir été victime de viol.

Il avait alors raconté une soirée où il s’était rendu en compagnie d’« une personne de (son) cercle » et s’être retrouvé « sous l’influence d’une substance qu’(il n’avait) pas voulu prendre ». Un viol par soumission chimique donc.

Puis, en 2023, à Mouloud Achour sur Canal +, Bilal Hassani avait évoqué sa libération de la parole : « J’ai eu beaucoup de mal et je pense que parfois, on garde ce secret jusqu’à la tombe. On a souvent honte et il ne faut pas ! »

L’artiste a donc franchi un pas supplémentaire pour que le sentiment de honte, voire de culpabilité, des victimes change de camp en affichant son viol sur le réseau social le plus utilisé par les jeunes Français. D’autres ont suivi depuis. Pas de noms d’agresseurs, pas de contexte, juste une mise en lumière des victimes.

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