Des milliers de personnes ont marché ce dimanche de la place de la République à Paris à celle de la Nation à l’appel de 200 organisations et associations féministes, des ONG et des syndicats qui entendent « alerter sur le danger de l’extrême droite ». Venue avec sa fille de 18 ans, Mathilde souhaite « dénoncer l’escroquerie d’un parti qui prétend défendre les femmes alors que dès qu’il le peut, il prend des décisions contraires à leurs intérêts ».
Autour d’elles, les manifestantes sont majoritairement jeunes. « Touche pas à ma pote », « Vade retro Bardellas » ou « Féministes unies contre l’extrême droite » font partie des slogans qui ornent les pancartes brandies sous le soleil parisien. Des marches identiques ont aussi eu lieu dans de nombreuses villes françaises. « Les électeurs et surtout les électrices du RN oublient un peu vite les luttes des cinquante dernières années qui ont permis d’obtenir des droits, que ce soit celui d’avoir un compte en banque, l’IVG ou la pilule, s’agace Martine, 74 ans. Si le FN (sic) arrive au pouvoir, ils n’hésiteront pas à remettre tout cela en question. Il n’y a jamais eu autant besoin d’être vigilantes. »
Derrière la banderole violette qui ouvre le cortège, des associations d’étudiantes s’agacent du discours du RN depuis des semaines. « L’extrême droite essaie de faire croire que le principal danger pour les femmes serait les personnes immigrées en se fondant sur la peur des violences sexuelles et sexistes (VSS), explique Ludmila Henry, de l’observatoire étudiant des VSS dans l’enseignement supérieur. Ils instrumentalisent cette peur alors que, factuellement, dans neuf cas sur dix, les femmes victimes connaissent leur violeur ! »
« L’extrême droite n’est jamais un allié, on le voit en Italie, en Espagne ou en Pologne »
À ses côtés, Léa Jules-Clément, de l’Union étudiante, craint une remise en cause des droits des femmes en cas de victoire du RN le 7 juillet. « Il s’en prend systématiquement aux droits reproductifs et aux droits des femmes à disposer de leur corps, déplore l’étudiante rennaise. L’extrême droite n’est jamais un allié pour les femmes, on le voit en Italie avec Giorgia Meloni ou ailleurs en Europe comme en Espagne ou en Pologne. C’est un parti qui a une conception conservatrice de la place des femmes, qui parle encore d’avortement de confort et qui voit la place des femmes à la cuisine. Ils menacent les associations comme le Planning familial. Pour les milliers de femmes qui bénéficient de ses services, il faut tout faire pour éviter qu’ils ne remportent ces élections. »
« À chaque fois que l’extrême droite arrive au pouvoir quelque part, elle s’attaque au droit à l’avortement, je ne vois pas pourquoi il y aurait une exception française », abonde Sarah Durocher, la présidente du Planning Familial.
Au son des chansons de Diam’s ou Clara Luciani, cosignataire avec plusieurs centaines d’artistes d’une tribune appelant à faire barrage à l’extrême droite, la manifestation a aussi rassemblé de nombreux hommes. « Face au danger que représente l’éventualité de la victoire du RN, il faut qu’on soit solidaires avec toutes celles et ceux que leur programme pourrait impacter, que ce soit les minorités de genre, les personnes racisées ou les femmes, bien sûr, estime un quadragénaire, convaincu de l’utilité du vote Nouveau Front Populaire (NFP). Le danger n’a jamais été aussi proche, il faut réagir vite et fort. »
Sur les pancartes, Jordan Bardella, le candidat déclaré au poste de Premier ministre, est le plus pris à partie. « Malgré ce qu’il martèle depuis des semaines, il représente un risque fondamental pour les femmes et leurs droits. On est là pour le rappeler, clame Marie, du collectif Nous toutes. Il n’y a qu’à regarder leurs votes, que ce soit à l’Assemblée nationale ou au Parlement européen : suppression de l’avortement, restriction des droits LGBT et des personnes racisées. Ils votent systématiquement contre les textes pour l’égalité salariale, contre les programmes de sensibilisation aux harcèlements. La moitié des députés RN ont voté contre la constitutionnalisation de l’IVG, dire qu’ils ont changé est faux ! Il ne faut pas être dupes. Important d’avoir un mouvement des femmes car nous seront parmi les premières concernées par les éventuelles décisions d’un RN au pouvoir. »
