Et ça continue, encore et encore : d’après la Fage, le coût de la rentrée 2024 est une nouvelle fois en hausse pour les étudiants. Au total, le budget s’élève, en moyenne, à 3 157 euros pour un étudiant non boursier ne vivant plus chez ses parents. Mais pour certains, le coût de la rentrée est bien plus élevé. Car en dehors du loyer qui reste le principal poste de dépense des étudiants (563 euros en moyenne, 50 % du budget), des frais inhérents à la rentrée comme les frais d’inscription ou l’achat de matériel pédagogique peuvent faire exploser la facture.
Des frais d’inscription qui augmentent
Annoncé en juin dernier, après quatre années de gel, les frais de scolarité à l’université sont en hausse de 2,9 % cette année. Il faut donc dépenser 175 euros en licence et 250 euros en master. Ce à quoi s’ajoute la CVEC (contribution à la vie étudiante et de campus) qui avoisine les 103 euros.
Or, toutes les formations ne sont pas logées à la même enseigne. Les étudiants en masso-kinésithérapie, qui commencent pourtant leur parcours à l’université (en PASS-L.AS, en licence de biologie ou de STAPS), voient leurs droits de scolarité multipliés par 21 en arrivant en deuxième année. En moyenne, il faut compter 3 717 euros pour une inscription en IFMK (institut de formation en masso-kinésithérapie). Un chiffre qui augmente d’ailleurs de près de 5 % à la rentrée 2024.
3157
euros
de coût de rentrée pour un étudiant
Fage
« La première année, celle de la sélection, est publique. Ce n’est qu’en fin d’année que les étudiants comprennent qu’ils n’ont pas le choix de leur IFMK et qu’ils peuvent se retrouver dans un établissement payant », assure Emma Feugeas Desassis, porte-parole de la FNEK.
En effet, selon la fac où ils ont passé leur première année, les futurs kinés sont rattachés à un établissement de secteur qui peut être public, privé à but lucratif ou à but non lucratif. « Les frais de scolarité constituent ainsi le premier motif d’emprunt étudiant et le premier poste de dépense d’un étudiant en kiné à la rentrée », précise le dossier de presse.
Du matériel « fortement recommandé » et fortement onéreux
À côté des frais d’inscription, les étudiants doivent aussi s’équiper. D’après la Fage, chaque étudiant s’acquitte au minimum de 217,45 euros de matériel pédagogique (papeterie, stylo, sac, etc.).
Du côté des étudiants en géographie, par exemple, la rentrée marque une augmentation de 4,82 % par rapport à 2023. En cause, notamment, « les manuels et les équipements pédagogiques spécifiques », précise l’Association fédérative Nationale des Étudiant.e.s en Géographie (Afneg). Avec un coût de 245,64 euros, ils ont augmenté de près de 15 %. Sans compter les sorties de terrain et l’acquisition de licences de logiciels spécifiques. « Ces logiciels, indispensables pour certaines unités d’enseignements (dans certaines universités) représentent une dépense non négligeable » souligne l’Afneg.
Pour les étudiants en santé aussi, la facture ne s’arrête pas là. Livres, tenues, gants, lunettes de protection, pince Kocher, ciseaux, garrot… Autant de matériel indispensable pour les travaux pratiques et surtout pour les stages qui débutent quelques semaines après la rentrée. En moyenne, ces frais spécifiques s’élèvent à 176,46 euros, soit une augmentation de près de 17 %, cette année, selon la Fage.
Pour les étudiants en soins infirmiers, le montant de ce matériel supplémentaire atteint 266 euros. « Parmi les frais complémentaires, on a à la fois des frais facultatifs fortement recommandés et des frais obligatoires et ceux-là sont illégaux. Les étudiants sont par exemple contraints d’acheter des livres sinon, on leur dit qu’ils ne seront pas acceptés en TD ou en cours magistraux. Donc quand on est en première année, on se dit que c’est normal et on achète », explique Chann Philippe, en charge des relations presse à la FNESI.
708 euros pour les STAPS en moyenne
La marche est encore plus haute pour les futurs dentistes qui cumulent, quant à eux, 1 408 euros de matériel pédagogique pour leur 6 à 9 années d’études, selon leur spécialité. Là encore, cette année, ces frais augmentent de l’ordre de 6 %. Or, d’après l’UNECD, deux tiers de ces dépenses sont effectuées dès la deuxième année afin que les étudiants se constituent « une mallette de matériel » incluant, selon les facultés, des matériaux à empreinte, des dents en résine, des joues de mannequins mais aussi des instruments comme des sondes, une pince à crampon, des coffrets de fraises, des limes endodontiques, etc.
Ce sont donc près de 1 000 euros qui sont consacrés à ce matériel spécifique en deuxième année d’odontologie avec « des variations de 0 à 3.365 euros selon les facultés », détaille l’UNECD.
Les étudiants en STAPS ne sont pas en reste concernant les frais spécifiques. Le matériel pédagogique constitue le deuxième poste de dépense en atteignant 708 euros. « Dès l’entrée en première année, les étudiant·es sont confronté·es à l’achat de matériel pour de nombreuses disciplines sportives. Ces premières dépenses sont particulièrement lourdes, car chaque polyvalence sportive nécessite un équipement spécifique », note le dossier de presse de l’ANESTAPS. Cela comprend l’achat de pointes d’athlétisme, de crampons, de raquettes, de maillot de bain ou encore de chasuble, de sifflets et chronomètre. Le coût total de la rentrée pour un étudiant en STAPS s’élève à 3 459,58 euros.
Prépas, enseignements complémentaires alourdissent la facture
Pour couronner le tout, en plus de tous ces frais déjà plus ou moins officiels, les étudiants cumulent d’autres dépenses rarement prises en compte et pourtant, non-négligeables. Cela peut commencer par les prépas privées, certes peu encouragées mais largement plébiscitées par les étudiants. Si l’on pense à la première année d’études de santé, PASS-L.AS, les étudiants en soins infirmiers ne sont pas en reste. D’après la FNESI, beaucoup de bacheliers s’appuient sur des organismes privés pour perfectionner leur dossier Parcoursup. « En moyenne, ces prépas coûtent 2 060, 70 euros. Cela peut même allier jusqu’à 4 450 euros. Les prépas jouent avec la peur des étudiants parce qu’il y a moins d’une chance sur deux d’entrer en IFSI », estime la FNESI.
Ces frais se poursuivent pendant le cursus. Les futurs pharmaciens doivent parfois ajouter des enseignements complémentaires à leur formation pour répondre aux évolutions de leur métier. Ces diplômes universitaires peuvent coûter plusieurs centaines d’euros.
Pour bon nombre d’étudiants en santé, les dépenses liées au stage sont aussi à prendre en considération. L’ANESF a calculé que les frais de transport s’élèvent à 117 euros par mois en moyenne pour les étudiants sage-femmes. « Ce sont des frais moins connus mais qu’il faut indemniser. Surtout qu’on ne choisit pas nos lieux de stage, on va dans les maternités qui peuvent nous recevoir et cela peut être à plusieurs kilomètres de notre établissement de rattachement. C’est une subtilité dont on n’a peu conscience », confirme Nassilaty Ali, porte-parole de l’ANESF.
Ainsi, près de trois étudiants sage-femmes sur 10 auraient une activité rémunérée en plus de ses études. « Beaucoup travaillent parce qu’ils n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins sauf qu’on perd du temps quand les examens approchent. La précarité, c’est une pression mentale pour les étudiants », insiste Valentin Masseron, porte-parole à l’ANEPF.
Toutes les associations le disent, les étudiants se tournent d’ailleurs vers elles pour trouver des solutions. Les représentants étudiants publient chaque année des guides sur les aides sociales pour pallier les difficultés et « éviter la précarité ». Et au-delà du coût financier, un coût mental. « Cette insécurité financière peut engendrer un sentiment de désespoir et de surcharge mentale, compromettant leur concentration et leur engagement académique », explique l’Association des étudiants en géographie : « Ignorer cette dimension, c’est risquer de laisser un grand nombre d’entre eux et elles s’épuiser sous le poids de cette charge invisible. »