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Après l’action de RSF auprès de l’Arcom, CNews est visée, mais c’est l’audiovisuel public qui est touché


Façade du siège de France Télévisions,  à Paris, le 5 avril 2016.

Ceux qui se souviennent de la publicité pour les bonbons rafraîchissants appellent encore ce genre d’effets collatéraux « le double effet Kiss Cool ». En obtenant gain de cause auprès du Conseil d’Etat qui, mardi 13 février, a « enjoint » l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle (Arcom) à réexaminer la gestion du pluralisme par CNews, Reporters sans frontières a provoqué un effet secondaire qu’il n’avait sans doute pas prévu : la mise en accusation de l’audiovisuel public.

Contrariée d’affronter, une nouvelle fois, les critiques sur la faible diversité des points de vue sur son antenne, la chaîne conservatrice a en effet, dans un geste défensif, instantanément refilé le mistigri à ses concurrentes financées par les citoyens. Jordan Bardella a eu le même réflexe : « La décision rendue par le Conseil d’Etat sur CNews, au nom du “pluralisme” et de l’indépendance de l’information, va-t-elle s’appliquer au service public audiovisuel où règne ouvertement l’entre-soi politique et la pensée unique ? », a demandé le président du Rassemblement national sur X.

Une question purement et doublement rhétorique, puisque le respect du pluralisme s’impose à tous les médias audiovisuels. Les animateurs de la chaîne de Vincent Bolloré auraient donc tout aussi bien pu évoquer leurs concurrentes BFM-TV et LCI, voire TF1 et M6, qui diffusent des journaux d’information et invitent des politiques (à des fréquences diverses). Aucun ne l’a fait. Peut-être parce qu’à leurs yeux, leurs consœurs du privé sont exemptes de toute critique – ou devraient l’être au nom de leur caractère privé, justement. Peut-être, aussi, parce que l’audiovisuel public constitue leur meilleur terrain d’entente.

« Asymétries concurrentielles »

Il y a moins d’un an, les groupes TF1, M6, Canal+ et Altice, réunis au sein de l’Association des chaînes privées, se sont lancés dans une dénonciation des « avantages compétitifs » dont bénéficierait France Télévisions à leur détriment. A l’époque, l’honnêteté de l’information et le respect du pluralisme ne faisaient pas partie de leurs récriminations. Les reproches se concentraient plutôt sur les « asymétries concurrentielles » dont ils disaient pâtir, en matière de fictions, de divertissements et d’événements sportifs, notamment.

Le moment était opportun. Les discussions sur les contrats d’objectifs et de moyens de France Télévisions et de Radio France allaient s’ouvrir, destinés à graver dans le marbre la feuille de route des deux entreprises pour les cinq prochaines années. La réflexion sur la pérennisation du système transitoire de financement appelé à remplacer l’ancienne redevance (la fraction de TVA) devait commencer.

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