« On est loin de la pleine saison », constatait, ce mardi 3 septembre de rentrée, un habitué du Palais-Bourbon. Au centre de toutes les discussions et alors que la nomination d’un Premier ministre s’éternise, l’Assemblée nationale reste désespérément vide et silencieuse faute de session parlementaire en cours. Piaffant d’impatience, des députés de tous bords réclament l’ouverture d’une session extraordinaire du Parlement sans attendre le début du mois d’octobre, ce que seul le président de la République peut décider par décret, à la demande du gouvernement ou de la majorité de l’Assemblée. Mardi, le groupe Liot (Libertés, Indépendant, Outre-Mer et territoire) a demandé sa convocation « dans les plus brefs délais (…) afin d’agir et répondre aux problèmes qui se posent aux Français conformément à leurs besoins ».
Dénonçant « une situation démocratique intenable », la présidente du groupe RN à l’Assemblée Marine Le Pen avait proposé lundi à ses homologues l’ouverture d’une session autour d’« un ordre du jour consensuel » comprenant notamment un débat sur les finances publiques et le vote de la loi d’approbation des comptes pour l’année 2023, préalable nécessaire avant l’examen du budget 2025. Quelques heures plus tôt, le député et patron du PS Olivier Faure avait fait la même demande sur BFMTV. « Il ne serait pas anormal d’avoir des questions d’actualité, de pouvoir interroger le gouvernement sur ce qu’il fait (…) sur le budget par exemple », estime le socialiste, évoquant « une anomalie démocratique ».
« Ce n’est pas au président de la République de se substituer à l’Assemblée nationale »
Les députés du groupe écologiste et social de l’Assemblée déplorent eux aussi d’être réduits au silence. « Ce n’est pas au président de la République de se substituer à l’Assemblée nationale. Il a précipité le pays dans l’incertitude en prononçant la dissolution, il ne peut plus retarder l’expression de cette nouvelle Assemblée », pressent-ils. Dès la semaine dernière, le groupe Gauche démocratique et républicaine (GDR) des députés communistes avait mis en demeure Emmanuel Macron. « Le président de la République veut nous priver d’un gouvernement pour porter une nouvelle politique mais il ne peut mettre la démocratie en pause plus longtemps », estimaient-ils.
Interrogée dimanche sur France Inter, la présidente de l’Assemblée nationale (Renaissance) Yaël Braun-Pivet s’est déclarée favorable à l’ouverture d’une telle session mais seulement après le choix du locataire de Matignon. « Dans les circonstances actuelles, nous ne pouvons pas ne pas entendre et questionner le Premier ministre qui serait nommé et son gouvernement », a-t-elle fait valoir.