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À chaque âge ses maux de ventre


par Elodie Chermann

C’est l’un des maux les plus répandus de notre époque. D’après le premier baromètre sur « Les Français et la santé du ventre », publié en novembre 2023 par OpinionWay pour la marque de probiotiques Dijo, les douleurs abdominales touchent 85 % de la population dans l’Hexagone. Dans plus d’un tiers des cas (36 %), elles surviennent un à plusieurs jours par mois, et pour 10 % chaque semaine.

Les causes peuvent être multiples. L’abdomen renferme sept organes différents : la fin de l’œsophage, l’estomac, le pancréas, le foie, la vésicule biliaire, l’intestin grêle (petit intestin) et le côlon (gros intestin). Chacun peut donc être à l’origine du problème. On peut même avoir mal ailleurs qu’à l’endroit où se trouve l’organe touché. Voici quelques éclairages pour décrypter les symptômes en fonction de votre âge.

« Autour de 20 ans, il faut penser aux maladies inflammatoires intestinales, liées à des facteurs génétiques, immunitaires et environnementaux », indique le Dr Isabelle Rosa, chef du service hépato-gastro-entérologie au Centre hospitalier intercommunal de Créteil (Val-de-Marne) et présidente de la Société nationale française de gastroentérologie. Il en existe deux principales : la rectocolite hémorragique, qui atteint le rectum et parfois aussi le colon, et la maladie de Crohn, qui peut toucher tout le tube digestif.

« Il y a aussi des pathologies fonctionnelles comme le syndrome de l’intestin irritable. Il se traduit par des douleurs abdominales chroniques, associées à des diarrhées ou une constipation sans perte de poids ni présence de sang dans les selles », explique le Dr William Berebi, gastro-entérologue, expert du microbiote intestinal et auteur de Médecine microbiotique (ed. Marabout). On estime que cinq à dix millions de Français sont concernés mais il y a beaucoup d’errance thérapeutique. « La colopathie ne doit pas être confondue avec la maladie coeliaque qui, elle, est une allergie à la cellule du gluten », met en garde le Dr Rosa. « L’intestin grêle s’atrophie et ne joue plus sa fonction pour absorber les nutriments, ce qui provoque des lésions sur la muqueuse. »

Le diagnostic s’effectue par une prise de sang qui vise à rechercher des anticorps. Il devra ensuite être confirmé par une biopsie de l’intestin grêle, examen qui consiste à prélever des tissus au cours d’une endoscopie digestive. « En cas de bilan positif, il faudra mettre en place un régime d’éviction totale du gluten à vie », prévient la spécialiste.

Chez les jeunes femmes, des douleurs très violentes pendant les règles peuvent laisser suspecter une endométriose. Fréquente, cette maladie gynécologique se caractérise par la présence, hors de la cavité utérine, de fragments de muqueuse utérine, provoquant une réaction inflammatoire et des lésions.

Après 50 ans, d’autres pathologies peuvent survenir. Parmi les plus courantes : le reflux gastro-œsophagien qui concerne un senior sur deux. Il se manifeste par une remontée de liquide acide ou d’aliments de l’estomac dans l’œsophage.

Vous avez des douleurs abdominales brûlantes qui s’aggravent en mangeant, associées à des nausées, des vomissements, une perte de poids et, dans certains cas, un saignement digestif ? « Il peut s’agir d’un ulcère gastrique, une plaie ouverte qui se développe sur la muqueuse interne de l’estomac ou dans la première partie de l’intestin appelé duodénum », souligne le Dr Berebi. Il est provoqué par la bactérie Helicobacter pylori et se soigne à l’aide d’antibiotiques.

En cas d’alternance de diarrhée et de constipation, de douleurs abdominales et de saignements dans les selles, il faut consulter son généraliste au plus vite. « Ces signes peuvent témoigner d’un cancer colorectal, le deuxième le plus meurtrier en France, avec plus de 17000 décès par an », insiste le Dr Rosa. Pourtant, détectée tôt, cette maladie se guérit 9 fois sur 10. D’où l’importance de participer aux campagnes de dépistage proposées à toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans. L’objectif ? Détecter dans les selles du sang non visible à l’œil nu grâce à l’utilisation d’anticorps. Le test est simple, indolore et 100% gratuit. Pourtant, d’après l’Assurance maladie, seul un tiers des personnes concernées le réalisent. Si ce taux atteignait 65 %, 5 700 cancers colorectaux et 6 600 décès pourraient être évités chaque année.

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