Le gouvernement entend durcir les règles des arrêts maladies dans le public. Dans un entretien publié dimanche au Parisien, le ministre chargé du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, a indiqué « travailler au passage à trois jours de carence » pour les fonctionnaires. Une hypothèse qui soulève déjà quelques critiques à gauche. Interrogé ce lundi sur France Inter, Manuel Bompard y voit une « mesure scandaleuse ».
« C’est une façon de pointer du doigt les fonctionnaires dans notre pays. S’ils sont absents, c’est qu’ils sont malades, pas que ça leur fait plaisir », a jugé le député LFI des Bouches-du-Rhône. Et de poursuivre : « quand on fait ce type de comparaison entre le privé et le public, on omet généralement de dire que dans le public, les salaires sont plus bas, qu’il y a une partie plus importante de la rémunération qui est sous forme de prime (…). C’est une manière scandaleuse de vouloir faire des économies ».
« Quand on est malade, ça ne doit pas coûter de l’argent »
Autre réaction à gauche, celle du maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle. « Quand on est malade, ça ne doit pas coûter de l’argent. Le gouvernement ferait mieux de travailler sur les accidents du travail et sur la cause des arrêts, sur la santé de l’ensemble de la population », a estimé l’élu ce lundi sur Franceinfo.
« Toutes les premières lignes de l’État régalien notamment sont sous tension : vous regardez l’évolution des arrêts maladies dans la police, dans l’Éducation nationale et vous vous rendez compte que ces métiers souffrent d’une perte de sens, et de conditions de travail inadaptées et cela se traduit dans la santé de tous ceux qui font ces métiers-là ».
Même son de cloche du côté des syndicats. Le secrétaire général de FO fonction publique, Christian Grolier voit derrière cette mesure une « aberration ». « C’est nous infantiliser et faire croire qu’un fonctionnaire quand il est malade il ne l’est pas », a-t-il jugé, ce lundi au micro de Franceinfo, dénonçant une « stigmatisation des fonctionnaires ». De son côté, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella s’est dit « favorable » au passage à trois jours de carence, au lieu d’un actuellement dans la fonction publique lors d’un arrêt maladie.
« Je suis favorable à cet ajustement entre les fonctionnaires et les salariés du privé à une seule condition, c’est que les potentiels 900 millions d’euros qui seraient économisés (…) puissent être utilisés pour financer des mesures en faveur du pouvoir d’achat », a déclaré sur France 2 le leader frontiste. Il a cité le paiement des « heures supplémentaires d’un certain nombre d’agents de la fonction publique qui ne sont pas payées ». « Je pense par exemple aux agents de la pénitentiaire ou à nos forces de l’ordre », a-t-il précisé.
Le vice-président du RN, Sébastien Chenu, a lui émis des doutes sur RTL sur la « méthode ». « C’est une piste qu’il faut regarder avec attention », a-t-il assuré tout en se disant « un peu dubitatif sur le financement, c’est-à-dire sur ce que ça rapporterait ».
