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Que gagnent les auteurs lorsqu’ils vendent des ouvrages ? La question soulève toujours autant de polémiques dans le secteur


Lors du festival de musique classique « Folle Journée », à Nantes, le 31 janvier 2020.

Que gagnent les auteurs lorsqu’ils vendent des ouvrages ? Quelle part touchent les autres acteurs de la chaîne du livre, et est-elle juste ? Rarement ces questions auront soulevé autant de polémiques dans le secteur. En particulier depuis la publication d’une étude, le 1er février, dont les résultats suscitent un faisceau de critiques.

Commandée par le Syndicat national de l’édition (SNE) au cabinet KPMG à propos du « partage de la valeur entre auteurs et éditeurs », celle-ci dresse un constat pour le moins paradoxal : les auteurs gagnent plus que les éditeurs. Le SNE affirme en effet que les droits perçus par les auteurs atteignent 24,8 % du chiffre d’affaires des éditeurs, et qu’eux-mêmes ne conservent que 17,8 % pour couvrir leurs frais de structure et contribuer à leur résultat d’exploitation. Ce qui revient, en creux, à dire que les auteurs gagnent près de 12,5 % du prix hors taxe des livres vendus. Un chiffre enviable, mais très rarement atteint ou dépassé dans les faits, sauf par ceux qui publient des best-sellers.

De façon concertée, tous les représentants des auteurs s’insurgent et vilipendent la méthodologie adoptée. D’abord, le SNE est juge et partie : il aurait été plus crédible que le ministère de la culture se charge d’une telle étude. De plus, celle-ci se focalise sur les chiffres 2022 des plus grosses maisons d’édition françaises (Hachette Livre, Editis, Madrigall, Média Participations, Albin Michel, Actes Sud, Glénat Editions et pour la plus petite, Zulma) en excluant l’édition scolaire et les mangas, et en exemptant du champ d’analyse les libraires et les diffuseurs-distributeurs (qui représentent 51 % de la chaîne de valeur du livre). De son côté, le SNE se félicite que son étude, fondée sur les comptes des éditeurs, soit une première du genre.

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Cela semble néanmoins insuffisant. Pour le Conseil permanent des écrivains (CPE), « ce coup de projecteur n’éclaire pas toute la scène », donne « une présentation qui fausse la lecture de la réalité » et « laisse croire que l’ensemble des auteurs bénéficient de rémunérations satisfaisantes ». Le CPE rappelle que la part éditeur revient intégralement à une seule maison, tandis que celle dévolue aux auteurs est répartie entre les dizaines d’écrivains sous contrat chez l’éditeur.

« Dégradation de la situation économique et sociale des auteurs »

La Ligue des auteurs professionnels regrette que « la notion d’auteur envisagée dans l’étude semble inclure de nombreuses acceptions (rémunération des directeurs de collection, acquisition des droits à l’étranger, à-valoir versés à des traducteurs…) », ce qui déforme la réalité. Autre pierre d’achoppement : « L’auteur devra payer sur ses droits ses cotisations sociales, son loyer et l’amortissement de son matériel », rappelle la Ligue. Selon Renaud Lefebvre, directeur général du SNE, l’étude précise que « sur ses rémunérations, l’auteur doit couvrir ses propres charges, et notamment ses cotisations sociales ».

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