Christian Gatard est sociologue spécialiste de l’anticipation au bureau d’études Le Comptoir prospectiviste. Son collègue Olivier Parent et lui avaient imaginé, dès 2010, quel serait l’appareil qui remplacerait le smartphone en 2050, dans un livre intitulé Nos 20 prochaines années. 2010-2030 : le futur décrypté (L’Archipel).
Dans votre livre, vous imaginiez un remplaçant au smartphone, le « psychodrome ». Pouvez-vous le décrire ?
Christian Gatard : C’est un écran qui se crée au moment où vous posez la main sur une surface quelconque en écartant les doigts et en abaissant le pouce. Un clignement de l’œil déclenche son fonctionnement. L’information s’inscrit sur l’écran dans le mode de lecture qui vous convient : des mots ou des images, voire bien sûr les deux – c’est le menu de base. Vous choisissez. Vous pouvez aussi opter pour la version à la carte : images 3D, immersion totale, son et lumière, traduction simultanée des textes, rencontres holographiques…
En quoi sera-t-il plus disruptif que nos téléphones portables ?
C.G. : Dès sa mise en route, le psychodrome se connecte à votre propre cerveau et accède à la quasi-totalité de l’histoire de l’humanité. Il fait un bilan de votre situation, analyse votre état d’âme, retrace les historiques, va jeter un œil du côté de votre génome. Il repère les scénarios de l’histoire universelle qui sont les plus proches du vôtre et vous propose des solutions. Le système s’adapte et organise l’information en fonction de votre état d’esprit, de votre réceptivité, de votre humeur… Des moteurs de recherche intelligents et intuitifs vont chercher tout ça pour vous. Le psychodrome vous connaît mieux que vous-même.
A cette aune-là, les fabricants de smartphones sont dépassés…
Olivier Parent : Pour continuer à attirer de nouveaux usagers, les fabricants de smartphones sont condamnés à l’innovation de rupture. Globalement, le téléphone portable et ses applications ont perdu leurs capacités d’émerveillement. Le smartphone de demain, peu importe sa forme, deviendra-t-il la clé d’entrée numérique vers cette réalité dématérialisée ? Ne sera-t-on pas augmenté quand nos lunettes, nos lentilles, voire un implant biomécanique nous permettront de consulter les informations de nos téléphones directement dans notre champ de vision ? Ou quand le son nous parviendra directement au creux de l’oreille sans écouteurs ? On pourrait presque parler de « centrale multimédia ».