« Attention à ne pas créer de psychose, comme pour le beurre il y a quelque temps ! Si les clients ne se précipitent pas en magasin pour faire des stocks, tout ira bien », assure le porte-parole d’un distributeur. Non, la pénurie d’œufs ne menace pas la France. « Et cela ne risque pas d’arriver. Nos poules continuent à pondre tous les jours », indique Loïc Coulombel, du Centre national pour la promotion de l’œuf (CNPO). Les professionnels du secteur sont formels, même si la presse s’est fait l’écho, au cours des derniers jours, de ruptures ponctuelles d’approvisionnement dans certains magasins et certaines régions.
La situation n’a rien de comparable avec les États-Unis, durement frappés par la grippe aviaire et l’abattage de poules pondeuses par millions, ce qui a fait flamber le prix de la douzaine. « Peut-être que cette crise aux États-Unis a suscité des craintes en France, mais heureusement, depuis deux cas en novembre 2024, notre pays n’a pas subi les effets de la grippe aviaire », souligne Loïc Coulombel.
300 nouveaux poulaillers d’ici 2030
Les rayons clairsemés dans certains supermarchés peuvent donc s’expliquer par le cumul de plusieurs phénomènes. Notamment le succès croissant de l’œuf, protéine animale bon marché, auprès des foyers français – où l’on en a consommé en moyenne 224 par personne l’an dernier (contre 200 seulement en 2013).
« Depuis le début de l’année, on est à + 5 % en grande et moyenne surface, observe encore Loïc Coulombel. Le mois de mars est traditionnellement l’un des pics d’achat dans l’année. On est encore en hiver, ça joue sur notre consommation. Il y a aussi une forte demande de l’industrie, qui fait des gâteaux, prépare les crèmes glacées pour l’été. À cela s’ajoute le ramadan, période durant laquelle la consommation d’œufs grimpe un peu. Et en face, notre offre n’augmente pas. »
La filière a bien prévu de construire 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030, mais cela demande du temps, d’autant que la bascule d’élevages en cages à la production d’œufs de plein air ne favorise pas la productivité.
« On ne peut pas nier qu’il y ait des tensions, c’est vrai, mais ce sont des choses qu’on a déjà connues, et cela n’aura pas d’impact sur les prix, puisque la grande distribution et les producteurs sont liés par des engagements à long terme », ajoute Loïc Coulombel. Dans les grandes surfaces, on promet que les clients trouveront, à quelques exceptions près, les boîtes de six ou douze coquilles. « Nous avons en moyenne 30 références d’œufs. Même s’il manque pendant quelque temps trois ou quatre références en rayons, il en reste quand même », assure un porte-parole de Coopérative U.