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Non-censure, Mélenchon, Congrès du PS… Lionel Jospin sort du silence


C’est une voix de plus à la liste de ceux qui s’opposent à la censure. Au regard de la situation « catastrophique » dans laquelle est plongé le pays, l’ancien Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, sort de sa retraite politique dans l’émission « C l’hebdo », diffusée ce samedi soir à 19 heures sur France 5. L’ex-chef de gouvernement appelle « les socialistes, l’ensemble des forces de gauche, à ne pas voter la censure ». La voter « aujourd’hui ne serait pas responsable », estime-t-il. Et de conclure : « Un pays ne peut pas ne pas avoir de gouvernement. »

Sa famille politique, le Parti socialiste, négocie depuis plusieurs semaines avec le gouvernement pour un accord de non-censure du budget. Mais pour l’heure, les députés socialistes laissent tout de même planer le doute sur leur vote final lors d’une motion de censure déposée par les écologistes, qui sera probablement examinée mercredi 5 février. D’autant qu’ils étaient huit députés PS, lors de la dernière motion de censure, à ne pas avoir obéi à la discipline de groupe.

« Ce serait un pays non dirigé, limité à sa société civile »

Beaucoup d’entre eux, si ce n’est tous, ont été choqués lorsque François Bayrou a utilisé le terme de « submersion migratoire ». Une expression issue de l’extrême droite qui ne suffit pas à Jospin pour dégainer la censure, même s’il juge que l’expression « ne correspond pas à la réalité ». « On ne censure pas un gouvernement pour un mot ! » réagit l’ancien Premier ministre. La censure ne doit pas se résumer à un concours de position au sein de la gauche. »

À ceux qui ne seraient toujours pas convaincus, Lionel Jospin avertit que le pays serait mis à l’arrêt. « Il se passerait que l’administration ne serait plus dirigée », argue l’ancien locataire de Matignon, aujourd’hui âgé de 87 ans. « Dans la situation économique dramatique qui est la nôtre, il n’y aurait ni budget ni budget de la Sécurité sociale. Qui pourrait faire face au drame de Mayotte ? Qui chercherait la réconciliation en Nouvelle-Calédonie ? Ce serait un pays non dirigé, limité à sa société civile… », insiste-t-il encore.

Selon nos informations, Lionel Jospin a prévenu l’ancien président, François Hollande, qu’il allait prendre la parole. Ce dernier est lui aussi fermement opposé à la censure. Comme d’autres figures du PS, à l’image du maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrane.

Toutefois, à la différence de ce dernier, Lionel Jospin ne croit pas qu’un gouvernement « technique » soit le bienvenu. « Un gouvernement technique suppose un consensus. Ce consensus n’existe pas, puisque l’Assemblée nationale en raison d’une dissolution imprudente est plus isolée que jamais, et sans majorité », griffe Jospin à l’égard d’Emmanuel Macron.

Il ne pousse cependant pas le chef de l’État à la démission, à l’inverse du leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, autrefois ministre de Lionel Jospin. « Dans le paysage français, il y a des personnalités politiques qui veulent hâter les échéances. C’est leur droit. (…) Aucune de ses forces, La France Insoumise d’un côté, le Rassemblement national de l’autre, ne sont en mesure d’imposer à Emmanuel Macron soit une nouvelle dissolution, soit de démissionner, relève-t-il. Même dans cette hypothèse, il faudrait un gouvernement pour la France. Cela ne résoudrait pas le problème. »

« L’union de la gauche ne se fait sous le fouet »

Ancien trotskiste, comme le tribun qui fait planer la menace de la fin du NFP face aux socialistes, il s’oppose à ses méthodes. « L’union de la gauche est une union libre, elle ne se fait sous le fouet. Jean-Luc Mélenchon était mieux traité au sein du Parti socialiste quand il était membre et qu’il était minoritaire… qu’il ne traite aujourd’hui ses partenaires, et parfois ceux qui s’opposent à lui dans son camp », estime Jospin. « Qu’il retrouve un ton de fraternité », lui suggère-t-il. Avant de lâcher : « Jean-Luc Mélenchon ne sera pas mon candidat ! », dans l’optique de l’élection présidentielle de 2027.

Quant au prochain congrès du PS, qui aura lieu entre juin et septembre, et pour lequel son Premier secrétaire, Olivier Faure, est déjà candidat à sa succession, Lionel Jospin souhaite qu’il soit fécond en propositions programmatiques. « L’enjeu pour moi est de retrouver une direction du PS qui travaille sur le fond, qui réfléchit sur la politique économique et sociale. Aujourd’hui, ils ont fait en hâte pour aborder les élections législatives un accord de gouvernement qui est oublié y compris par Jean-Luc Mélenchon », observe l’éminent socialiste. « Le prochain congrès du PS ne doit pas être une guerre des chefs, elle doit être un moment où les socialistes décident ensemble de reprendre une réflexion de fond, poursuit-il, de retrouver des liens, de se tourner de nouveau face aux Français. »

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