Au sujet de l’affaire Bétharram, Hélène Perlant l’affirme : son père, François Bayrou, « ne savait pas » et « ne pouvait pas comprendre » le « système pervers » de l’établissement catholique, au cœur d’un vaste scandale de violences et violences sexuelles. Mais un nouveau témoignage de la même Hélène Perlant accable le Premier ministre : sur la chaîne YouTube de « Mediapart », la fille aînée du Premier ministre affirme également que son père avait rencontré le juge Mirande en 1998, dans le cadre de l’enquête sur le père Carricart, ancien directeur de l’établissement alors mis en examen pour viol. Ce que François Bayrou a toujours nié.
« Je pense que [mon père] ne s’en souvient pas, mais je suis là le soir où il rentre de chez le juge Mirande », lance-t-elle sur le plateau d’« À l’air libre ». Son père, ministre de l’Éducation à cette époque, lui dit alors : « Ne le répète surtout pas, j’ai juré d’être dans le secret de l’instruction. » « Est-ce que tu crois que c’est possible, ça ? », l’interroge-t-il ensuite à propos des accusations portées contre le père Carricart. L’ancienne élève elle-même semblait ne pas croire en ces accusations à l’époque.
« Donc il vous a confirmé avoir parlé au juge Mirande ? » insiste le journaliste de Mediapart. « Avoir juré au juge Mirande de ne pas trahir le secret d’instruction », précise Hélène Perlant, qui a ensuite insisté sur le « déni collectif ». Cette scène met à mal la défense de François Bayrou.
Interrogé l’an dernier dans la presse sur cet épisode, rapporté par l’ex-juge Christian Mirande, François Bayrou l’avait d’abord nié, malgré les révélations de la presse. Selon Le Monde et La République des Pyrénées, François Bayrou avait en effet rencontré, à sa demande, Christian Mirande en 1998.
Une audition prévue le 14 mai
Cet ancien magistrat a relaté à Ici Béarn Bigorre que François Bayrou, alors président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, « était inquiet au regard du fait qu’un de ses fils était scolarisé » à Bétharram et « disait qu’il ne pouvait pas croire que le père Carricart avait fait ce qu’on lui reprochait ». L’ancien juge reconnaît toutefois qu’il est « possible » que François Bayrou n’ait rien su à l’époque.
Mis sous pression politique dans cette affaire, le Premier ministre a changé de version depuis. Il a évoqué une rencontre fortuite avec l’ancien magistrat, domicilié comme lui à Bordères près de Pau, lors de laquelle ils auraient eu une conversation informelle sur l’affaire de viol impliquant un religieux de Bétharram, le père Carricart.
« C’est mon voisin depuis cinquante ans dans mon village. Il s’agit d’une amitié de longue date, avant même qu’il ne soit magistrat. Est-ce que nous avons pu parler de cette affaire ? Sans doute, oui », déclarait ainsi François Bayrou le 18 février à l’Assemblée nationale.
« Christian Mirande est un juge d’une absolue intégrité et il n’a jamais communiqué le moindre élément du dossier : nous avons pu parler de l’ambiance, de l’établissement, jamais du dossier », avait ajouté le chef du gouvernement. Selon Hélène Perlant, elle et son père ont pourtant parlé, ce soir-là, des accusations visant le père Carricart, qui avait été mis en examen pour viol et placé en détention provisoire.
Le chef du gouvernement doit être entendu sous serment, le 14 mai, par la commission d’enquête parlementaire née du scandale, devant laquelle l’ex-juge Mirande a déjà témoigné le 10 avril.
