Des sommes bien évoquées, mais jamais versées. Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon, a assuré n’avoir jamais « touché le moindre euro » de la part de l’alliance de gauche, après que le journal Marianne a révélé un « devis » proposé par l’équipe de la haute fonctionnaire aux quatre partis partenaires, chiffré à 51 000 euros par mois pour son propre fonctionnement, ainsi que 9 000 euros pour sa rémunération à elle. Une « estimation budgétaire avait été proposée » mais sans qu’aucune suite ne soit donnée, a-t-elle réagi.
L’hebdomadaire avait indiqué dans un article publié mardi qu’une semaine après la désignation de Lucie Castets, 37 ans, comme candidate au poste de Première ministre, qu’Emmanuel Macron lui a depuis refusé, l’énarque et conseiller référendaire à la Cour des comptes Arnaud Bontemps avait fait parvenir un mail à la trésorière des Écologistes. Dans ce message, celui qui est présenté comme le « bras droit » de la haute fonctionnaire demande une enveloppe globale de 51 000 euros mensuels pour le fonctionnement de l’équipe de la prétendante à Matignon, selon le journal.
Des « centaines d’heures réalisées à titre bénévole »
Cette somme ne comprenait pas la rémunération de Lucie Castets, ex-directrice des finances à la ville de Paris qui avait mené campagne au cours de l’été sur le temps de ses congés personnels, avant de finalement annoncer « mettre fin » à ses fonctions la semaine passée. Arnaud Bontemps envisageait dans son message une enveloppe de 9 000 euros, « à partir de début septembre ». Mais l’ensemble de ces budgets n’a finalement jamais été versé, a précisé Marianne.
Souhaitant apporter une « clarification », Lucie Castets a confirmé ce mercredi sur son compte X que des sommes avaient bien été évoquées, mais assuré qu’elles n’avaient jamais été perçues. « Depuis ma désignation le 23 juillet, ni moi ni personne de mon équipe n’avons touché le moindre euro de la part du Nouveau Front populaire », a-t-elle déclaré.
« Une estimation budgétaire avait été proposée en juillet par le NFP », a-t-elle également écrit, sans revenir sur le montant précis de cette estimation. Quoi qu’il en soit, « elle n’a jamais été mise en œuvre » : « les centaines d’heures de préparation, de réunions et de déplacements ont été réalisées à titre bénévole », a assuré l’énarque. « Je veux remercier très chaleureusement toutes celles et ceux qui m’accompagnent au quotidien, pour leur soutien et l’incroyable énergie déployée. Rien ne peut se faire sans eux », a-t-elle aussi salué.
Un de ses proches avait déjà indiqué à Marianne que les enveloppes souhaitées, proposées « afin de montrer notre sérieux aux partis du NFP » et « validées par les trésoriers des différents partis », n’étaient plus d’actualité. « Aujourd’hui, rien n’a avancé et nous n’en avons jamais reparlé », avait-il indiqué. « Nous nous étions mis d’accord sur le principe entre trésoriers des partis du NFP », avaient assuré de leur côté les écologistes, mais un « argentier d’un parti du NFP » a expliqué au journal que « Lucie Castets et son équipe ont finalement décidé de se débrouiller de manière autonome ».
Une « cible permanente » de la « disqualification »
Peu après la diffusion de son message, la haute fonctionnaire a été soutenue par plusieurs dirigeants des partis membres de l’alliance. « Merci par vos relais de faire parvenir cette mise au point à toutes celles et ceux qui – toujours bien intentionnés n’est-ce pas – forcément 😉 – relaient tout et n’importe quoi sur Lucie Castets », s’est irritée la Secrétaire nationale d’EELV Marine Tondelier sur son compte X. « Et merci infiniment à eux de s’être mis au service de l’urgence environnementale, sociale et démocratique à titre bénévole depuis des semaines dans un contexte si dur », a-t-elle ajouté.
« Dans un monde d’intox où la disqualification tient lieu d’argument, Lucie Castets est devenue une cible permanente parce qu’elle incarne le NFP », a abondé sur X également le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, assurant que « son engagement comme celui de ceux qui l’entourent a été totalement bénévole pendant tout l’été » et qu’« ils méritent toute notre gratitude ».
Au terme de consultations avec les forces du NFP, Emmanuel Macron a décidé lundi 26 août d’écarter l’option d’un gouvernement NFP, fermant la porte à la candidature de Lucie Castets au poste de Première ministre, évoquant la « stabilité institutionnelle » pour justifier son choix. La décision avait provoqué la colère de l’alliance, qui affirme désormais vouloir censurer tout gouvernement formé sans leur candidate, y compris l’option Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre de François Hollande, piste à laquelle le chef de l’État réfléchit.
La haute fonctionnaire continue quant à elle les prises de parole et les déplacements, après avoir pris part à plusieurs universités d’été des partis membres. Elle se trouvait mardi en Seine-Saint-Denis, pour défendre le programme du NFP lors d’une rencontre avec les équipes éducatives d’un collège.