A la veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture et dans un climat de vif mécontentement, deux cortèges de tracteurs défilent, vendredi 23 janvier, dans les rues de Paris. Une trentaine de tracteurs, arborant le drapeau français et celui de la Coordination rurale, syndicat courtisé par l’extrême droite, se sont réunis dans la matinée avenue de Versailles, à Paris ; le cortège s’est ébranlé vers 10 h 15 avec pour objectif d’atteindre les Invalides vers midi.
Un autre cortège, emmené par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes Agriculteurs (JA), est censé arriver en début de soirée à la porte de Versailles, où doit s’ouvrir le Salon de l’agriculture samedi. Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes et plusieurs médias diffusent des images de ce convoi, parti du département des Yvelines, et qui a atteint le périphérique parisien en milieu d’après-midi. Il est ensuite entré dans la capitale pour défiler de la station de métro Sèvres-Lecourbe jusqu’à la porte de Versailles.
La FNSEA reconnaît que le salon se présente cette année « comme un temps éminemment politique », mais souhaite aussi que l’événement reste un « temps festif ». Une fois sur place, des agriculteurs « veilleront toute la nuit jusqu’à l’arrivée du président de la République », ajoute la FNSEA.
En dehors de Paris, des agriculteurs se mobilisent également, d’après les informations des médias locaux. « Vers 11 heures, les agriculteurs ont décidé de se lancer dans une opération escargot sur l’autoroute A75, après être intervenus au supermarché Leclerc de Clermont-l’Hérault », a rapporté Midi libre.
A Lorient, dans le Morbihan, « un minisalon de l’agriculture s’installe devant la sous-préfecture », selon Ouest-France. « Une cinquantaine d’agriculteurs de la Coordination rurale (…) sont venus avec leurs animaux et leurs doléances », ajoute le média.
Les services de renseignement constatent, selon une source policière, que la base du monde agricole reste « assez difficile à canaliser, en particulier dans certains départements », sans préciser lesquels.
Mobilisation depuis mercredi
Depuis mercredi, après une intervention du premier ministre, Gabriel Attal, récapitulant les chantiers engagés ces dernières semaines pour améliorer et simplifier la vie des agriculteurs, sur les pesticides, les saisonniers ou la rémunération, les actions des paysans ont repris. A l’appel de la Confédération paysanne, quelque 200 manifestants avaient investi le siège de Lactalis, à Laval, en Mayenne.
Dans le Sud, des agriculteurs ont bloqué dans la soirée l’autoroute A62, entre Agen (Lot-et-Garonne) et Montauban (Tarn-et-Garonne).
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Par ailleurs, l’Elysée a fait part de son intention d’organiser un grand échange entre le chef de l’Etat et « l’ensemble des acteurs du monde agricole » samedi, jour de l’ouverture du Salon. Mais l’invitation faite aux Soulèvements de la Terre, collectif écologiste que l’exécutif voulait dissoudre avant que la décision ne soit annulée par le Conseil d’Etat, a suscité la colère de la FNSEA.
La présidence a fait marche arrière dès jeudi soir, sans faire retomber la tension. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a annoncé dans la matinée de vendredi qu’il ne participerait pas au dialogue voulu par le président de la République. A la suite d’une réunion du conseil d’administration de la FNSEA, M. Rousseau a confirmé qu’« aucun représentant » de l’organisation ne participerait au débat. Il a même demandé à « ne pas tenir ce débat », évoquant un « climat d’exaspération » et des « risques de débordement ».
A la mi-journée, l’Elysée a concédé une « erreur » et assuré que les Soulèvements de la Terre n’avaient pas été « conviés ».