Trois mois de menaces et d’intimidations. Dans le « Complément d’enquête » consacré à Jean-Luc Mélenchon et diffusé jeudi soir sur France 2, la députée de Paris Danielle Simonnet, écartée de La France insoumise (LFI) en 2024, raconte un épisode entre elle et le leader insoumis qu’elle dit avoir vécu comme un « harcèlement moral et politique » de sa part.
Fin 2021, au moment des investitures pour les élections législatives de juin 2022, Danielle Simonnet apprend que Sophia Chikirou, à l’époque directrice de la communication de LFI et proche de Jean-Luc Mélenchon, souhaite se présenter dans la 15e circonscription de Paris. Circonscription où elle est implantée depuis longtemps, puisqu’elle est notamment conseillère du XXe arrondissement de Paris depuis 2001. Elle y est aussi candidate et s’oppose donc à la candidature de Sophia Chikirou.
🔴 Danielle Simonnet estime avoir subi un “harcèlement moral politique” de la part de Jean-Luc Mélenchon.
Pour la 1ère fois, l’ancienne députée LFI divulgue dans #ComplementDenquete des messages du leader insoumis qu’elle qualifie de “violents et menaçants”.
Mathilde Panot,… pic.twitter.com/xPYLOZu50w
— Complément d’enquête (@Cdenquete) April 23, 2025
Le comité électoral de LFI décide alors de proposer cette dernière dans la circonscription voisine, la 6e. Mais cette candidature se heurte cette fois au refus des militants locaux. Jean-Luc Mélenchon va alors accuser Danielle Simonnet de mener et alimenter localement une fronde anti-Chikirou. « Ne crois pas que je ne me rende pas compte », lui écrit sur Télégram un soir de décembre 2021 le leader LFI, selon les captures d’écran dévoilées par Danielle Simonnet à l’équipe de « Complément d’enquête ».
La candidate insoumise lui assure qu’elle n’a rien à voir dans cette histoire. Elle lui propose même plusieurs de se voir pour en discuter, mais Jean-Luc Mélenchon refuse. « Je n’ai rien à dire. J’agirai », lui répond-il une première fois. Danielle Simonnet continue de se défendre, mais le leader insoumis ne veut rien entendre et devient presque menaçant. « Tu es juste prévenue que je laisserai pas faire ni la bande de nuls qui font le sale boulot. Il est temps de renouveler ce secteur. Tu m’en convainct (sic) ».
« Une violence absolue »
Dans d’autres messages, Jean-Luc Mélenchon dénonce « les combines pourries des planqués contre le dispositif central » qui ne « l’impressionnent pas ». « Je vous passerai tous à la trappe », lâche-t-il, avant d’ajouter : « J’attends d’être scrupuleusement entendu ». Danielle Simonnet dénonce des messages « de plus en plus violents et tendus » de jour en jour, « des messages de menace, de haine, d’une violence absolue ».
Malgré cela, celle qui sera élue députée a mené tant bien que mal sa campagne. « Quand du jour au lendemain, on vous insulte par Telegram, il fallait se lever tous les matins, aller faire du porte à porte, aller faire la campagne de Jean-Luc Mélenchon alors que vous aviez dans votre téléphone tous ces messages-là d’une violence absolue, c’était quand même pas évident », raconte-t-elle, assurant qu’elle l’a fait « en loyauté ».
Après l’émission, Danielle Simonnet a reçu le soutien de Raquel Garrido, ancienne députée insoumise de Seine-Saint-Denis, qui a elle aussi quitté le mouvement en 2024 après des désaccords avec la direction. « Ce soir à Complément d’enquête, mes amies Pascale Martin et Danielle Simonnet ont eu un immense courage, celui de rompre avec le silence. Je les admire tellement, Vous n’imaginez pas ce qu’elles ont enduré », a-t-elle écrit sur le réseau social X.
Pas de réaction de Jean-Luc Mélenchon
En fin d’émission, invitée dans les fauteuils rouges, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot a affirmé qu’elle n’était pas au courant de ces messages et parle de simples « engueulades » dans le cadre de « discussions politiques. »
Jean-Luc Mélenchon n’a quant à lui pas souhaité répondre à l’enquête, a indiqué l’équipe de France 2. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il n’a pas réagi publiquement.
