Dans sa déclaration de politique générale, prononcée le 30 janvier devant l’Assemblée nationale, le premier ministre, Gabriel Attal, s’est vanté du « retour de l’industrie » en France, après plusieurs décennies de désindustrialisation, « n’en déplaise aux Cassandre ». L’enthousiasme du nouveau chef du gouvernement pourrait-il être douché au cours des prochains mois ? Le risque est réel, si l’on en croit les résultats de la dernière étude du cabinet de recherche Trendeo sur l’emploi et l’investissement pour 2023, rendue publique dimanche 18 février.
Selon cette enquête, si les données globales restent encore positives pour 2023, dans la dynamique des années qui ont suivi la pandémie de Covid-19, de nombreux indicateurs − comme les créations d’emplois, les ouvertures d’usines ou les levées de fonds, notamment − connaissent d’importants ralentissements. Autant de signes que la crise énergétique, l’inflation, la hausse des taux et les tensions géopolitiques mondiales ont commencé à peser en 2023 sur l’investissement, la consommation et les comptes des entreprises françaises.
« Après une très forte reprise en 2021 et un niveau record de créations nettes d’emplois en 2022, l’économie française s’inscrit sur une pente descendante », résume David Cousquer, le fondateur de Trendeo. Au point que si cette pente continue au rythme des derniers mois, plusieurs de ces indicateurs pourraient passer en négatif en 2024. Le niveau d’alerte n’est donc pas encore au rouge, mais déjà à l’orange.
Il faut dire que les industries tricolores font face à la concurrence croissante de celles des Etats-Unis, portées par un coût de l’énergie nettement moindre et par les investissements colossaux de l’Inflation Reduction Act du président Joe Biden, destiné à soutenir la transition « verte ». Mais aussi, de celles des usines chinoises, qui cassent les prix sur nombre de marchés tels que l’éolien offshore.
Quatre secteurs épargnés
D’après le recensement de Trendeo, 81 147 emplois nets ont été créés en France en 2023, contre 36 512 suppressions. Un solde de 44 635 qui reste donc « largement positif », mais le nombre d’emplois créés baisse de plus de 40 000 par rapport à 2022 (121 541). Un mauvais signal, alors que le taux de chômage est reparti à la hausse dans l’Hexagone, avec 7,5 % de la population active au quatrième trimestre 2023, selon l’Insee. Par ailleurs, les relocalisations d’usines ont augmenté, mais ont créé moins d’emplois que ceux détruits par les délocalisations : 1 681 emplois sont partis à l’étranger en 2023 contre 696 revenus sur le territoire national.
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