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le fiasco du départ des entreprises françaises de Russie


Un magasin de la chaîne de bricolage française Leroy-Merlin, à Novossibirsk (Russie), le 24 mars 2023.

La retraite de Russie s’est transformée en débâcle pour les entreprises françaises, qui s’enorgueillissaient, avant l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022, d’être les premiers employeurs étrangers du pays. Un nom résume ce traumatisme : celui de Danone. Fin juillet 2023, quatre jours seulement après la signature d’un décret présidentiel entérinant la prise de contrôle des douze usines du groupe agroalimentaire, les dirigeants locaux ont vu débarquer dans leurs bureaux Yakoub Zakriev, nouveau repreneur de fait et ancien ministre de l’agriculture tchétchène, neveu du dirigeant de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov.

Selon le Financial Times, Danone aurait entamé des discussions pour céder les actifs à Murtimer Mingazov, un proche de ce neveu de M. Kadyrov. Cette « mise sous tutelle » provisoire gérée par Rosimouchtchestvo, l’agence fédérale des participations de l’Etat, a été vue par les dirigeants d’entreprises occidentales comme une manœuvre d’expropriation pure et simple, résultat à la fois d’un départ mal négocié par le groupe français, de considérations politiques difficiles à déchiffrer et des appétits voraces d’acteurs locaux qui savent sentir les vulnérabilités.

En clair, l’épisode a montré qu’il n’existe aucune garantie de départ réussi, même en jouant selon les règles. Danone a déprécié ses activités russes à hauteur de 500 millions d’euros dès 2022 et de 200 millions d’euros supplémentaires en 2023.

Expérience douloureuse

L’expérience vécue par Renault, qui a échappé à l’expropriation, est tout aussi douloureuse. Le groupe français avait racheté à la fin du XXe siècle, à Moscou, l’usine Moskvitch, alors abandonnée, avant de la réaménager et de l’équiper pour y assembler plus de 100 000 modèles par an à partir de 2010. En 2008, il avait fait une deuxième acquisition, pour 1 milliard d’euros, d’une partie du capital d’AvtoVAZ, le fabricant de la Lada, propriétaire d’une immense usine au cœur de la « vallée de l’automobile » dans la région de Samara, dans le sud-ouest de la Russie.

Renault éponge les dettes, trouve de nouveaux fournisseurs, licencie, réembauche, forme. Il employait sur place 45 000 personnes au moment de l’invasion russe en Ukraine. Le 16 mai 2022, le groupe prend la décision de céder, sans oser en dévoiler le montant, sa première usine à la ville de Moscou et sa participation dans la seconde à l’Institut central de recherche et de développement des automobiles et des moteurs, un organisme public.

Il fait une croix sur son deuxième plus grand marché, en volume, après la France, avec une perte de 2,3 milliards d’euros sur son résultat 2023. Ultime camouflet : le ministre russe de l’industrie et du commerce, Denis Manturov, révèle plus tard que les deux entités de Renault ont été cédées pour… 1 rouble (1 centime d’euro) chacune.

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