Si la « trajectoire financière positive » qui « se confirme », les scénarios les plus optimistes ont été déjoués. L’Assurance chômage a fortement révisé à la baisse mardi sa prévision d’excédent pour 2024 en raison de la conjoncture économique, selon un communiqué de l’Unédic. En cause également, une compensation plus basse par l’État d’exonérations de cotisations. Le désendettement se « poursuit » mais reste donc « freiné ».
L’excédent, encore prévu à 5 milliards d’euros en septembre dernier, ne serait finalement que de 1,1 milliard d’euros, avant de repartir à la hausse en 2025 (3 milliards), 2026 (5,3 milliards) et 2027 (11,2 milliards), d’après ces prévisions.
Treize milliards d’euros de dette en plus
Pour financer France Travail, qui a remplacé Pôle emploi depuis le 1er janvier, et France Compétences, en charge de la formation professionnelle, la loi de financement de la Sécurité sociale adoptée en décembre prévoit une moindre compensation par l’État d’exonérations de cotisations à l’assurance chômage. Les recettes avaient ainsi déjà été réduites de 2 milliards d’euros en 2023. La perte financière induite par cette mesure budgétaire sera de 2,6 milliards d’euros en 2024, 3,35 milliards en 2025 et 4,1 milliards en 2026, soit 12,05 milliards sur quatre ans, rappelle l’Unédic, qui souligne qu’elle « freine nettement le désendettement de l’Assurance chômage ».
Pour cause, ces prélèvements sur les recettes « diminuent de 13 milliards d’euros au total les capacités de l’Assurance chômage à rembourser sa dette ». En effet, le montant de cette dette « serait de 38,6 milliards d’euros fin 2027 », alors qu’« elle aurait été de 25,5 milliards sans ces prélèvements », précise l’organisme.
Pour autant, « les partenaires sociaux continuent d’assurer un pilotage financier efficient et réactif » de l’Assurance chômage, de sorte à pouvoir continuer à « verser chaque mois les allocations-chômage aux demandeurs d’emploi », assure l’Unédic. Par ailleurs, ces prévisions financières ne prennent pas en compte « les effets de la transformation de Pôle emploi en France Travail », et tablent sur une croissance du PIB de 0,7 % en 2024, inférieure à celle du gouvernement qui est de 1 %, et sur une croissance de 1,3 % de 2025 à 2027.
Quant aux créations d’emplois, qui plafonneraient à 29 000 cette année, elles repartiraient à la hausse dès 2025, avec 112 000 créations, avant une « accélération » à partir de 2026 (129 000) et en 2027 (200 000). « À partir de 2025, la montée en charge des réformes et surtout une conjoncture devenue plus favorable feraient reculer le nombre de chômeurs à 2,4 millions en 2027 », contre un peu plus de 3 millions aujourd’hui, anticipe l’Unédic.