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« La hausse des taux n’aura pas lieu »


La hausse des taux n’a jamais vraiment commencé. Elle est déjà terminée. L’affirmer peut paraître paradoxal alors que les taux d’intérêt ont bel et bien monté de façon spectaculaire depuis l’abandon de la politique de taux zéro maintenue des années durant : les taux américains à dix ans sont ainsi passés de 0,1 % à 4,3 % en quatre ans, tutoyant même des sommets à 5 % en octobre 2023. Dans le même temps, les taux d’intérêt à dix ans français ont remonté de – 0,5 % à 2,9 %, et les autres taux européens ont suivi à peu près le même chemin.

Pourtant, il s’agit là de niveaux seulement corrects au regard des règles standard proposées par la théorie économique. Et il semble bien que ce soit le maximum que l’on puisse leur demander.

Cette hausse paraît en effet bien « décevante » par rapport à la bande-annonce des scénarios catastrophes annoncés : l’envolée post-Covid-19 des prix des biens et services devait accoucher d’une politique monétaire confiscatoire, et non d’une inflation transitoire. La politique budgétaire allait être étranglée par un coût de la dette devenu prohibitif. Les investisseurs, persuadés de l’incapacité des autorités à maîtriser l’inflation, allaient exiger des taux de rendement faramineux.

Scénarios surfaits

Les économistes, sur la foi de la « règle de Taylor » – énoncée par l’économiste américain John Taylor en 1993 – et de ses variantes proposées par la recherche académique, expliquaient que si l’inflation ou le produit intérieur brut (PIB) sont supérieurs à des niveaux cible ou potentiel, on peut déterminer un taux lui-même supérieur à un taux neutre afin de ramener l’inflation et le PIB à bon port. Pour toutes ces raisons, les taux d’intérêt devaient monter plus que de raison.

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Aujourd’hui, nous savons que tous ces scénarios à risque étaient surfaits. Les banques centrales n’ont jamais rehaussé leurs taux directeurs à des niveaux que l’on pourrait qualifier de restrictifs. Et, dans tous les cas ou presque, elles les ont fixés à des niveaux inférieurs à ceux requis par les règles standards. Les investisseurs obligataires n’ont, quant à eux, jamais réclamé de prime particulière pour se couvrir contre une dérive possible de l’inflation, de la dette ou des taux directeurs.

Certes, il y a bien eu des anticipations révisées à la hausse, mais rien qui ne trahisse un quelconque effroi des marchés. Les cris d’orfraie inflationnistes auraient dû faire bondir cette prime bien au-delà de zéro. Or, elle est restée négative durant toute la dernière décennie (voir les travaux de la Banque des règlements internationaux) et peine encore à devenir positive.

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