DIRECT. Bayrou Premier ministre : le PS ne «participera pas au gouvernement», affirme Olivier Faure

Le patronat s’est réjoui de la nomination de François Bayrou, félicitant l’homme mais exprimant plus encore l’espoir unanime d’un retour de la « visibilité » qui manque depuis la dissolution, au risque de menacer la solidité des entreprises. Le Medef a souhaité « pleine réussite » à Bayrou, tout comme la CPME, qui a souligné que que les petites et moyennes entreprises attendaient de lui « qu’il crée les conditions permettant de retrouver de la visibilité, de la lisibilité et de la stabilité ». Enfin, l’U2P (entreprises de proximité) a également adressé « tous ses vœux de réussite » au nouveau Premier ministre. Mais elle a là aussi martelé la nécessité de « donner de la visibilité et de la confiance » aux acteurs économiques.

S’il veut s’installer dans la durée à Matignon, François Bayrou va devoir trouver des compromis avec une partie de la gauche, tous opposés à sa nomination. À ce stade, aucun des partis composant le Nouveau Front Populaire ne participera à ce gouvernement. Toutefois, ils se divisent sur l’attitude à adopter face à la figure centriste historique, comme le raconte notre journaliste du service politique. 

Le premier secrétaire du parti socialiste affirme qu’« il n’y a pas d’acquis à la non-censure » et prévient que le PS ne « participera pas au gouvernement Bayrou. « C’est au Premier ministre de dire pour quelle raison nous n’aurions pas à le censurer », a-t-il ajouté au 20 Heures de TF1, où il était invité.

« Le vieux politicien béarnais, battu dans pratiquement toutes les élections auxquelles il s’était présenté depuis une trentaine d’années, s’employait à cultiver une image de hauteur, avec la complicité de différents magazines ; c’est-à-dire qu’il se faisait régulièrement photographier, appuyé sur un bâton de berger, vêtu d’une pèlerine à la Justin Bridou, dans un paysage mixte de prairies et de champs cultivés, en général dans le Labourd », écrivait notamment le romancier controversé, allant jusqu’à qualifier Bayrou de « parfaitement stupide ». 

Le président du MoDem a dirigé ces quatre dernières années un haut-commissariat au Plan, dont les travaux n’ont pour l’instant pas donné lieu à des mesures concrètes, comme le raconte notre grand reporter au service économie. Principal reproche : les différentes notes et rapports produits ne se traduisent pas en planification.

François Bayrou aura-t-il le sens de l’« urgence » pour l’école ? Sophie Vénétitay, secrétaire générale de la fédération syndicale FSU, relève qu’« il s’est écoulé près de 30 ans depuis (son) passage à l’Education nationale…. Le contexte a changé et depuis, il n’a pas marqué le débat public sur l’Ecole ». Le nouveau Premier ministre devra « rapidement prendre la mesure de la gravité de la situation pour une Ecole en train de s’effondrer », ajoute-t-elle.

Pour sa part, Guislaine David, cosecrétaire générale et porte-parole du syndicat Snuipp-FSU, attend surtout de voir, plus que la personne, « les enseignements politiques ».

Le député de Corrèze estime que la nomination de François Bayrou n’est « pas forcément celle que nous pouvions attendre d’un point de vue de gauche (…) mais maintenant, la question est réglée ». Interrogé par France Bleu, François Hollande appelle son adversaire de la présidentielle 2012 a « un dialogue avec les oppositions », notamment avec la gauche et hors du RN, « puisque c’était sur cet écueil qu’avait eu des difficultés Monsieur Barnier, son prédécesseur ». 

La FNSEA sollicite « un rendez-vous en urgence » avec François Bayrou, à qui le premier syndicat agricole demande « un engagement fort » pour l’agriculture « dès les tous premiers moments de sa prise de fonction ».

« Dans le contexte de crise économique, sociale et morale qui frappe de plein fouet le monde agricole », le syndicat et son allié, les Jeunes Agriculteurs (JA), « sollicitent un rendez-vous en urgence pour lui demander la reprise immédiate des travaux permettant de respecter les promesses faites » lors du mouvement de protestation du secteur l’hiver dernier, selon un communiqué.

L’ancien Premier ministre salue la nomination du maire de Pau à Matignon, une nouvelle « bonne pour le pays ». « François Bayrou, je le connais, il a le sens de l’intérêt général chevillé au corps. Il a toujours voulu rassembler plutôt que diviser », a dit Gabriel Attal, en déplacement sur un marché de Noël à Colmar. « Les Français attendent moins de manœuvre, moins d’esbrouffe. Je pense que François Bayrou est la bonne personne, au bon moment au bon endroit », a poursuivi le président du groupe Ensemble à l’Assemblée nationale. 

« Je ne brandis pas la menace de la censure matin, midi et soir, je dis juste que je ne renonce pas à cet outil », « je considère que la censure est un levier constitutionnel », a déclaré Marine Le Pen lors d’une visite dans le Pas-de-Calais vendredi soir. « M. Bayrou n’a pas été nommé pour mener la politique d’Emmanuel Macron », a-t-elle souligné. « M. Bayrou a été nommé pour trouver un budget qui puisse être admissible par l’ensemble des trois grandes forces (à l’Assemblée nationale) et dont le groupe Rassemblement national est le premier en nombre », a poursuivi la députée, estimant qu’une rencontre avec le nouveau Premier ministre « me paraît être une évidence ».

« Les principes sont relativement clairs, je vais donc les réexprimer auprès de M. Bayrou » a averti la cheffe de file RN, rappelant ce que son parti refuse : augmentation des impôts ou des prix de l’énergie, déremboursement des médicaments parallèlement à l’augmentation de l’aide médicale d’Etat.

« Nous attendons de François Bayrou qu’il remettre enfin les politiques environnementales, sanitaires et agricoles de la France sur les rails de l’intérêt général, après des mois de soumission aux lobbies avec Gabriel Attal et Michel Barnier », a déclaré François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. L’association, en pointe contre la dépendance de l’agriculture aux pesticides, rappelle François Bayrou à ses déclarations de 2012, quand l’alors candidat à la présidentielle défendait la « compétitivité de la ferme France » mais exigeait de faire « attention à ne pas nous lancer dans une course folle qui entraînerait une régression en matière sociale et environnementale ».

« Il m’avait demandé d’intervenir toute une soirée dans une université d’été du Modem pour apporter un éclairage sur la biodiversité, j’ai pu constater qu’il y attache une certaine importance », se souvient Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). « Cela dit, Michel Barnier était aussi éloquent par le passé et beaucoup moins récemment », se méfie ce vétéran de l’écologie en France.

Le chancelier allemand Olaf Scholz félicite François Bayrou, lui souhaitant « force et succès pour les tâches » qui l’attendent. « La France et l’Allemagne sont des voisins et des amis très proches au cœur de l’Europe. Je me réjouis de la collaboration étroite de nos deux gouvernements dans l’esprit de l’amitié franco-allemande », a déclare Olaf Scholz dans un communiqué. 

Le premier secrétaire du Parti socialiste sera l’invité, ce vendredi soir, du journal de 20 Heures de TF1. 

Plus tôt dans la journée, les socialistes ont fait savoir qu’ils ne « participeront pas » au futur gouvernement Bayrou. De même, le parti demande au nouveau Premier ministre de renoncer à l’usage de l’article 49.3 en échange d’une non-censure. 

Le nouveau Premier ministre a consacré un livre entier à Henri IV, une figure historique qui le fascine et dont il apprécie tant la vie « romanesque » que les idées « modernes » de « pluralisme ». Il l’a cité lors de la passation de pouvoir, à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du roi de Navarre. « Un des seuls qui m’ait vraiment donné un coup de main. Je lui ai consacré beaucoup de livres et c’est une figure importante. Il a fondé cette rencontre sur la nécessité de sortir des guerres stupides pour se concentrer sur l’essentiel qu’est la lumière du pays. Je pense que c’est là le seul chemin possible vers le succès », a déroulé le chef de file centriste, en clôture de cette cérémonie de passation. 

Le nouveau Premier ministre évoque ses deux obsessions : « le mur de verre qui s’est construit entre les citoyens et le pouvoir » ainsi que le « devoir de donner des chances à ceux qui n’en ont pas », assure Bayrou, évoquant sa région d’origine, « au pied des Pyrénées ». « Je sais que les chances de difficultés sont beaucoup plus importantes que les chances de succès », dit-il encore, espérant pouvoir trouver un « chemin inédit ». 

Dans la cour de l’Hôtel de Matignon, techniciens comme journalistes s’affairent à régler les derniers détails dans un froid hivernal. La passation de pouvoir entre Michel Barnier et François Bayrou devrait débuter dans quelques minutes. 

« Quatre premiers ministres en un an ! Trois de gré, un de force. Bayrou devrait aussi nommer un autre Président », écrit Jean-Luc Mélenchon sur X, en référence aux appels à la démission du président de la République, répétés notamment par des responsables politiques LFI.

François Bayrou est resté quatre ans à la tête de la plus grosse administration française, de 1993 à 1997. Une longue période pendant laquelle l’ancien prof a dû se résoudre à une certaine forme d’inaction, comme le racontent nos journalistes dans cet article dédié. 

« La bonne nouvelle pour notre pays, c’est d’avoir un Premier ministre. Après la censure, il fallait aller vite », estime la présidente de l’Assemblée nationale, en visite officielle au Maroc, auprès de Paris Match. « Dans toute sa carrière politique, François Bayrou a prôné les coalitions, le rassemblement, le dépassement. Il correspond au moment politique que nous vivons où nous avons besoin de ramener les différentes formations politiques autour d’un même projet », explique-t-elle encore. 

L’ancienne Première ministre (mai 2022 – janvier 2024) loue, sur X, « un homme de grande expérience, attaché aux valeurs humanistes et attentif à tous nos territoires », estimant que la capacité de Bayrou à « dépasser les clivages » sera « particulièrement précieuse ». 

Le ministre de l’Economie adresse ses félicitations au nouveau Premier ministre. « Par son parcours et ses combats, il incarne une vision d’équilibre et d’unité indispensable pour le pays », écrit-il sur X, remerciant au passage Michel Barnier « pour son action au service de l’intérêt général ». 

Le nouveau Premier ministre et Marine Le Pen se vouent un « respect » réciproque. Le RN se satisfait de cette nomination et déclare ne pas vouloir le censurer « a priori ». Bayrou possède la caractéristique particulière d’être un adversaire politique du parti lepéniste, tout en ayant su parfois être un allié de manière très circonstanciée. Lisez notre article dédié. 

« Je pense que c’est de nature à rassurer les Français qui ont un Premier ministre aujourd’hui », fait savoir Prisca Thevenot. L’annonce de la nomination de Bayrou à Matignon permettra ainsi, selon la députée macroniste, de « pouvoir avancer sur le budget » en portant « des ambitions ». 

Interrogée sur les potentielles alliances pour éviter une nouvelle chute du gouvernement, l’ex-porte-parole du gouvernement Attal balaye : « Commencer à parler de censure est prémédité : laissons le Premier ministre avancer. »

La ministre de la Transition Ecologique qualifie le nouveau Premier ministre centriste d’homme « un homme aux convictions européennes et républicaines profondément ancrées ». « Un homme de compromis et de nuances dont notre pays aura besoin pour avancer dans un contexte difficile », loue-t-elle encore sur X. 

Le vice-président exécutif de la Commission européenne félicite François Bayrou pour sa nomination à Matignon. « Tes convictions européennes et ton engagement pour la compétitivité seront essentiels pour gagner la bataille de la réindustrialisation de l’Europe », écrit-il sur X. 

Non sans avoir fait un détour par les pistes Roland Lescure, Sébastien Lecornu ou Bernard Cazeneuve, Emmanuel Macron est finalement revenu à la piste privilégiée depuis une semaine en nommant François Bayrou à Matignon. Jusqu’au bout, le président aura joué avec les nerfs du maire de Pau… Leur échange d’1h45 ce matin s’était pourtant mal passé. Comment expliquer ce revirement spectaculaire ?

Dans un message sur X, la porte-parole démissionnaire du gouvernement a adressé ses félicitations à François Bayrou. « Dans ce moment inédit, il saura mettre son enracinement et son expérience au service de l’apaisement et de la réussite du pays », a-t-elle écrit, avant de remercier Michel Barnier « qui, malgré les vents contraires, n’a cessé d’œuvrer au service des Français ». 

« Emmanuel Macron est un danger pour le pays. Après Barnier, le forcené de l’Élysée nomme Bayrou. C’est un nouveau piétinement de la démocratie » a dénoncé sur X le député insoumis. Il appelle à « ne pas se laisser faire » et, comme ses collègues insoumis, annonce qu’il votera la censure. 

Dans un courrier adressé au nouveau Premier ministre, le Parti socialiste (PS) demande à François Bayrou de s’engager à renoncer au 49.3 pour pouvoir faire passer une loi sans vote à l’Assemblée, en échange d’une non-censure des députés socialistes. Il demande également « la garantie que (le) gouvernement ne se placera en aucune manière sous la dépendance du Rassemblement national, ni ne reprendra à son compte son programme xénophobe ». En outre, les socialistes ne « participeront pas » au nouveau gouvernement, préviennent-ils.

Quelle sera la position de la droite vis-à-vis du nouveau Premier ministre ? Laurent Wauquiez, chef du groupe la Droite républicaine à l’Assemblée nationale, réunit ses troupes cet après-midi, selon une information de BFMTV, confirmée par Le Parisien. Selon nos informations, la réunion doit avoir lieu à 14h30. 

La ministre démissionnaire de l’Education, Anne Genetet, félicite elle aussi François Bayrou, qui, selon elle, « sait combien l’Ecole est le cœur battent de notre République ». Il incarne « exigence » et « force », selon elle.

Sébastien Chenu a réagi sur LCI à la nomination de François Bayrou : « Il n’est pas RN-compatible en tant que tel. Nous ne savons pas quelle sera sa feuille de route donc ça ne sert à rien de le censurer maintenant. »

La députée écologiste a condamné la nomination de François Bayrou, y voyant une preuve du « mépris » d’Emmanuel Macron envers ses électeurs. « Les électeurs ont infligé une défaite à Macron, nous avons refusé Barnier… Tout cela pour avoir Bayrou qui est l’exact mélange des deux », dénonce-t-elle sur X, avant d’ajouter que « cela va mal finir ».  

« Félicitations François Bayrou pour votre nomination (…). Vous avez toujours eu l’Europe à cœur. Travaillons tous ensemble à une Europe plus forte, plus compétitive et qui a les moyens de se défendre », a réagi la présidente de la Commission européenne. 

Bernard Cazeneuve, dont le nom a, jusqu’à ce matin, été cité parmi les potentiels futurs Premiers ministres, adresse sur X ses « vœux de réussite » à François Bayrou et souhaite un « redressement » et un « sursaut » pour le pays.

Pour Manuel Bompard, la nomination de François Bayrou est « un bras d’honneur contre la démocratie ». Sur BFMTV, il confirme que la France Insoumise déposera une motion de censure. Il croit même que « l’essentiel » des députés du NFP voteront la censure à l’issue de son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale. Car pour lui, l’« orientation politique de Bayrou depuis 2017 (…) montre que son cap politique s’inscrit dans la continuité avec le macronisme ».

L’ancien président des Républicains souhaite « bonne chance » à François Bayrou. « Nous nous connaissons depuis longtemps et j’ai du respect pour lui. Il ne fera pas l’objet d’une censure à priori », précise Éric Ciotti sur X. Le nouveau Premier ministre « devra être un Premier ministre de consensus, de respect et d’écoute de l’ensemble des forces politiques, en particulier l’union des droites », a-t-il prévenu. 

Le MoDem dont est issu le nouveau Premier ministre a également réagi sur X : « Face à la gravité de la situation actuelle, il est impératif de promouvoir un large rassemblement et d’agir en responsabilité ». Et de poursuivre : « François Bayrou a su démontrer sa capacité à unir pour servir l’intérêt général. Nous travaillerons ensemble pour apporter des réponses concrètes aux Français, s’engage le mouvement politique. 

Sur X, celle qui fut un temps porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, estime qu’avoir choisi François Bayrou à Matignon, c’est « faire le choix d’une solide expérience politique, de la connaissance charnelle des territoires et d’une ouverture d’esprit humaniste ». 

Jusqu’à la dernière minute, le nom de Roland Lescure était dans la short-list pour Matignon. Le vice-président de l’Assemblée nationale a finalement salué sur X la nomination de François Bayrou, jugeant qu’il « est l’homme de la situation, dans un moment où le pays a plus que jamais besoin de courage et de dialogue ».