Lorsqu’on arrive en Oisans (Isère), les hauts sommets des Écrins barrent l’horizon d’une ligne dentelée de pics quasi infranchissables, dont certains dépassent les 4 000 m d’altitude. Depuis un demi-siècle, ce paysage et la biodiversité qu’il abrite sont protégés au sein du plus haut parc national de France. Ce sont les alpinistes, plutôt que les naturalistes, qui vont faire germer l’idée de parc dans les années 1960. À l’heure où les Alpes françaises sont prises d’assaut par les stations de ski, le temps presse. Le « de Gaulle de l’alpinisme », Lucien Devies, alors président du Club alpin français, est le premier à plaider pour une zone de montagne préservée. Paul Dijoud, député gaulliste des Hautes-Alpes, impulse le projet à Paris.
« L’idée de parc remonte au début du XXe siècle, afin de lutter contre la déforestation qui entraînait l’érosion et des glissements de terrain », rappelle Pierrick Navizet, chef du service accueil et communication du PNE. L’acte de naissance du parc national des Écrins (PNE) est enfin signé en 1973, non sans une vive contestation des chasseurs et des éleveurs. S’étalant sur 93 000 ha et intégrant la Barre des Écrins (4 102 m), il devient le plus haut parc d’Europe. Aujourd’hui, il fonctionne avec un budget de 10 millions d’euros (en 2021) et 82 agents permanents. Les plus visibles sont les gardes-moniteurs, qui sillonnent le terrain.