Même si la décision officielle n’est attendue que vers le 15 janvier, le taux du livret A devrait passer de 3 % à 2,5 % au 1er février prochain, a annoncé le directeur général de la Caisse des dépôts (CDC) Éric Lombard, sur Radio Classique. Révisé théoriquement tous les six mois, le taux a été figé à 3 % jusqu’à fin janvier 2025 par l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.
La raison ? La formule de calcul du taux du livret A, aussi valable pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), est basée pour moitié sur l’évolution des prix des six derniers mois et pour une autre moitié sur un taux d’échange entre les banques. Or, si le niveau aujourd’hui supérieur à l’inflation, il reste toutefois inférieur à ce qu’auraient pu avoir les épargnants si la formule théorique de calcul avait été strictement appliquée.
Reste que le livret A reste un placement non risqué et net de toute forme de taxe et d’impôts, ce qui le rend est très attractif par rapport à d’autres produits d’épargne proposés par les banquiers et les assureurs. Toutefois, les placements réglementés se retrouvent depuis plusieurs mois en concurrence avec d’autres produits à capital garanti comme les fonds euros de l’assurance vie ou encore les comptes à terme.
En septembre, les épargnants ont déposé sur leur livret à peine 210 millions d’euros de plus qu’ils n’en ont retiré. C’est le plus mauvais résultat pour ce placement depuis 2021. De son côté, l’encours du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) n’a pratiquement pas bougé. Il est vrai que traditionnellement, le mois de septembre n’est pas propice à l’épargne. Les ménages ont généralement des dépenses supplémentaires liées au paiement des impôts, de la rentrée scolaire. Pour autant, les Français, même si cela est très inégalement réparti disposaient, fin septembre de 584,4 milliards d’euros sur leurs livret A et LDDS, du jamais vu.
Cependant, à l’inverse l’assurance vie se porte très bien. D’après un communiqué de France Assureurs publié en début de semaine, l’écart entre les dépôts et les retraits, la collecte nette, a atteint 2,5 milliards d’euros en septembre. C’est la deuxième meilleure performance de ces quinze dernières années. Dans le détail, les contrats d’assurance vie ont enregistré le mois dernier un niveau de cotisations record pour un mois de septembre, à 12,3 milliards d’euros, soit une hausse de 10 % sur un an. Le niveau de prestations qui comprennent notamment les rachats et les versements en cas de décès a dans le même temps affiché une baisse de 12 %, à 9,8 milliards d’euros.
Au final, depuis le début de l’année, les titulaires de contrats d’assurance vie ont déposé 21,3 milliards d’euros de plus qu’ils n’en ont retiré, portant l’encours total à 1 977 milliards d’euros à fin septembre.
« Les Français épargnent beaucoup », a insisté Éric Lombard
Les Français ont un tempérament de fourmis ! Le patrimoine financier des ménages en France s’élevait à fin mars à 6 267,6 milliards d’euros, selon les chiffres de la Banque de France, soit près de deux fois la dette publique de la France et près de trois fois supérieure à l’ensemble de la capitalisation boursière des entreprises du CAC 40. « Sans doute les décideurs économiques aimeraient que les Français épargnent un peu moins et consomment un peu plus, ça soutiendrait la croissance », a expliqué Éric Bompard.
En outre, cette réserve financière des Français pourrait attirer les convoitises de certains parlementaires lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2025 où tous les moyens sont bons pour gratter ici ou là des recettes supplémentaires.
Déjà un amendement par députée de la Droite républicaine Véronique Louwagie a été adopté dans l’hémicycle sur la fin de l’exception successorale pour l’assurance-vie. En septembre, la Cour des comptes a publié un rapport sur les droits de succession, dans lequel elle avait critiqué le régime fiscal des assurances-vie, jugé « plus avantageux que le droit commun » tout en soulignant que ces dérogations profitent essentiellement aux ménages disposant de patrimoines importants.
Ce régime permet aujourd’hui une exonération fiscale totale des droits de successions lorsque l’assuré verse des primes avant l’âge de 70 ans, dans la limite de 152 500 euros par bénéficiaire. Au-delà de ce montant, les sommes transmises sont soumises à un prélèvement forfaitaire de 20 % pour la part comprise entre 152 501 euros et 852 500 euros et de 31,25 % pour la part qui dépasse 852 500 euros. Cet amendement prévoit d’aligner la fiscalité de l’assurance-vie à celle de la succession, soit 20 % jusqu’à 552 324 euros au lieu de 700 000 euros, 30 % jusqu’à 902 838 euros, 40 % jusqu’à 1 805 677 euros et 45 % au-delà de 1 805 677 euros.
Reste désormais à savoir si cette disposition sera retenue lors du vote final du budget ?