Roscoff, Batz-sur-Mer et Locronan en Bretagne, Le Croisic en Loire-Atlantique, Vouvant et Nieul-sur-l’Autise en Vendée, Coulon dans les Deux-Sèvres, Collioure dans les Pyrénées Orientales… Et maintenant Maincy en Seine-et-Marne ! Situé à quatre kilomètres du centre de Melun, au nord-est, ce village résidentiel de 1 858 habitants a rejoint fin 2022 la liste des 231 communes de France qui ont reçu le label de « Petite Cité de caractère ». Il est le seul pour l’instant en Île-de-France !
Connu pour le château de Vaux-le-Vicomte, joyau du XVIIe siècle grâce à Nicolas Fouquet et fleuron du tourisme avec 300 000 visiteurs en moyenne par an, mais aussi pour le fameux « pont de Maincy » immortalisé par le peintre Cézanne, Maincy cache aussi des pépites : la Maison des Carmes qui abritait la Manufacture royale de tapisseries de Maincy avant que Colbert ne la transfère à Paris aux Gobelins, un abreuvoir, un lavoir et une grande fontaine au cœur du village, l’église médiévale Saint-Étienne…
L’idée de candidater revient à Nathalie Jacob, secrétaire générale de la mairie, « après avoir vu une émission de télévision expliquant que ce label permettait de développer le tourisme et l’attractivité ». Les élus ont accepté et voté en ce sens. Elle a préparé un gros dossier de 63 pages… L’homologation est tombée le 13 décembre 2022.
« Ce n’est pas un village dortoir ! »
Selon Laurent Mazurier, le directeur de l’association « Petites Cités de caractère », qui décerne des labels depuis 1975, Maincy remplissait les cinq critères demandés : sa taille de moins de 6 000 habitants, ses sites classés monuments historiques (Vaux-le-Vicomte, son parc et l’allée de platanes qui y conduit, l’église, l’ancienne Maison des Carmes), son patrimoine bâti qui en fait un village de caractère sillonné dans ses ruelles par le ru de la Fontaine, les projets des élus pour le valoriser et préserver un vrai cadre de vie avec services et commerces (il existe une brasserie, un restaurant, une boulangerie, une épicerie, un salon de coiffure et un bureau de poste).
« Ce n’est pas un village dortoir ! On sent la commune qui résiste grâce à son patrimoine », souligne Laurent Mazurier. De fait, sur 1 019 ha de surface, Maincy en a urbanisé seulement 104. Le reste se répartit entre bois et terres agricoles. Et côté résistance, personne n’a oublié les manifestations des habitants en 2016 pour exprimer leur refus d’intégrer la communauté d’agglomération Melun Val de Seine en 2017, craignant une « urbanisation à outrance »…
Enfin dernier critère : la dimension touristique. Maincy a déjà un gîte communal de cinq chambres (dix personnes) dans une maison du XVIIIe siècle rénovée par la mairie à hauteur de 500 000 euros. Selon les élus, il fait « carton plein » auprès de Parisiens, Franciliens, Allemands et Suisses… Il existe aussi des parcours balisés comme celui intitulé « Sur les pas de Cézanne ».
Le lavoir abrite des expos de peintures et photos. « Il faut maintenant travailler le récit. Quelles histoires va-t-on raconter aux visiteurs ? La relation de Maincy à Vaux-le-Vicomte est mal connue », estime Laurent Mazurier.
Fouquet a marqué le village qui s’est modifié pour loger et nourrir les ouvriers du chantier du château. Mais les propriétaires suivants aussi, notamment l’industriel Alfred Sommier qui restaura Vaux au XIXe siècle et qui, maire, créa une nouvelle mairie en 1869 et une école de garçons, puis Germaine Sommier qui organisa un hôpital militaire dans les communs avec plus de 1 100 blessés lors de la Première Guerre mondiale. Elle créa ensuite à Maincy un dispensaire.
Les élus de Maincy sont ravis. « Ce label va accroître notre visibilité auprès du public », espère le maire Alain Plaisance (SE) qui rappelle les distinctions peu connues de sa commune auparavant : la partie Val d’Ancoeur est site naturel protégé depuis 1986, le village est classé et protégé depuis 2003. Enfin le département lui a décerné le titre de Village de caractère en 2017.
Les élus souhaitent maintenant restaurer l’église Saint-Étienne (qui accueille des concerts) et revaloriser le cœur du village en déplaçant 50 m plus loin les voitures qui envahissent la place des Fourneaux afin qu’elle redevienne un espace de vie.
« Ce label nous correspond. Il salue l’esprit du village, la volonté de le préserver et de mener des projets », salue Ludivine Boulay Mouzon, adjointe à l’urbanisme et la valorisation du patrimoine. Il ne donne hélas aucune enveloppe financière. Mais peut produire un effet levier auprès de collectivités pouvant verser des subventions. L’association va « suivre » Maincy de près en fournissant applications, documents imprimés, panneaux et idées d’animations.