« En raison d’un préavis de grève d’une partie du personnel de la tour Eiffel, l’ouverture de la tour Eiffel sera perturbée le 19 février 2024 », annonce la Société d’exploitation du monument (Sete) sur son site officiel, invitant les touristes à décaler leur visite.
L’entrée en vigueur ce lundi de cette grève reconductible, votée à l’unanimité en assemblée générale la semaine dernière, fait suite à l’appel de plusieurs syndicats de la Sete. La CGT et Force ouvrière exigent une meilleure gestion financière de l’édifice par la mairie de Paris, qui possède 99 % du capital de la Sete. Ce contrat, signé en 2017, court jusqu’en 2030.
La tour Eiffel avait déjà fermé ses portes pour les mêmes raisons le jour du centenaire du décès de l’ingénieur Gustave Eiffel, le 27 décembre dernier. L’organisation syndicale dénonçait déjà « un modèle (économique) trop ambitieux et intenable », en raison d’une « sous-évaluation des budgets travaux » du monument, mais également d’une « surévaluation des recettes basées sur des objectifs de fréquentation annuelle de 7,4 millions de visiteurs ». Soit « des niveaux de fréquentation jamais atteints ».
« Les visiteurs vont peut-être souffrir »
Ils pointent aussi du doigt l’accroissement de la redevance perçue par la municipalité, qui va passer de 16 millions d’euros par an à 50 millions par an, malgré un contexte qui ne s’y prête pas selon les syndicats. « Le Covid a eu un effet de report de certains chantiers », explique également la Sete, qui souligne que la crise sanitaire et la fermeture de la Dame de fer pendant un an en raison des travaux auraient entraîné une perte de 130 millions d’euros de recettes. « De la même manière, plusieurs chantiers ne peuvent pas se tenir au même moment pour des raisons de sécurité, ce qui nécessite de nouveaux phasages et de favoriser des travaux la nuit, plus coûteux. Enfin, il y a une complexité des travaux sur une tour de 135 ans et une vigilance à avoir, notamment avec une présence de plomb dans les anciennes peintures », poursuit-elle.
En effet, le monument parmi les plus visités de France a été repeint il y a près de 14 ans au lieu de sept ans habituellement. « Elle est dans un état de délabrement, très clairement. Sous la tour, si vous vous approchez, vous voyez vraiment des traces de rouille. Il y a des salariés qui ont plus de 30 ans d’ancienneté, ils n’ont jamais vu ça », a déploré sur France Info Denis Vavassori, délégué syndical de la CGT.
« Sur le plan social, l’avenant au contrat de délégation de service public (DSP) ne prévoit pas de modification concernant la politique d’emploi, en conformité avec nos accords pris successivement sur le sujet. Il est important de souligner que la mise en œuvre de ce projet de DSP n’entraînera aucun licenciement économique », avait néanmoins tenu à rassurer la société d’exploitation.
Une assemblée générale de l’intersyndicale CGT-FO doit se tenir ce lundi matin, à compter de 9 heures, afin d’entériner le début de la grève. « Les visiteurs vont peut-être souffrir, on est vraiment désolé, mais c’est pour garantir une qualité de visite optimale pour les années à venir », a déclaré sur France Info Stéphane Dieu, délégué CGT des salariés de la tour Eiffel.