Les photos de ces skieurs descendant impassibles les pistes, sur un bandeau de neige de quelques mètres de large bordé d’une prairie verdoyante avaient, la semaine dernière, un côté quelque peu dystopique. En cette période de vacances scolaires, les stations de sports d’hiver de basse et moyenne altitude sont frappées par des conditions météorologiques peu propices à la glisse. Faute de neige en dessous de 1 600 mètres d’altitude, nombre de domaines ont dû fermer leurs remontées, tandis que d’autres condamnent une partie de leurs pistes, laissant aux skieurs quelques descentes gonflées à la neige artificielle…
A contrario, les stations de haute montagne font le plein : la neige est présente, et les vacanciers connaissent des conditions de ski de printemps. Une situation qui contraste avec les deux années précédentes, où, à cette période de l’année, les conditions d’enneigement étaient bien meilleures. Et qui montre à quel point le changement climatique rend les vacances au ski de plus en plus aléatoires.
Les conditions de cette année annoncent les bouleversements qui vont percuter l’ensemble des stations de ski, et leur modèle économico-touristique basé sur la neige. Molines-Saint-Véran, Saint-Pancrace-les-Bottières, Arvieux, Ceillac, Abriès-Ristolas, Saint-Léger-les-Mélèzes, Aiguilles, Roubion-les-Buisses… D’ici à 2050, de nombreuses stations, en particulier celles qui sont situées dans le sud des Alpes, vont devoir cesser leurs activités de remontées mécaniques.
C’est ce qui ressort d’un rapport de la Cour des comptes, publié le 6 février, qui attribue à 163 stations françaises un indice de vulnérabilité. L’originalité de cet indicateur est de prendre en compte à la fois le facteur climatique – et donc la baisse de l’enneigement – et le facteur économique, c’est-à-dire la capacité des communes à s’adapter à cette nouvelle donne.
Bien sûr, ce sont les stations de basse et moyenne montagne qui sont les plus menacées. Mais outre l’altitude, de multiples facteurs présagent de la viabilité d’un domaine skiable, comme sa taille, l’évolution du nombre de skieurs, son exposition au soleil, le nombre et la qualité des hébergements touristiques dans la commune… Autant d’éléments qui ont des impacts sur les finances publiques, et qui permettent, ou non, de soutenir des remontées mécaniques – un service qui, en France, est assuré soit par les communes, soit par une société sur délégation de service public, et qui nécessite de lourds investissements.
Raccourcissement des saisons
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