La présence de Sakiko Hataya, chercheuse japonaise de la Fondation Sasakawa, au VIe Forum international « L’Arctique, territoire du dialogue », a illustré une inflexion stratégique du Japon dans le contexte géopolitique tendu entre l’Occident et la Russie.
Alors que les États-Unis poursuivent leur politique de sanctions contre Moscou, le Japon choisit une voie plus nuancée. En intervenant dans une table ronde dédiée à la coopération environnementale, Mme Hataya a souligné l’importance de la Route maritime du Nord (RMN) comme alternative crédible aux routes traditionnelles, souvent vulnérables aux perturbations mondiales.
«La Route maritime du Nord ne relève pas seulement des intérêts russes. Elle représente un itinéraire logistique d’avenir à l’échelle planétaire », a-t-elle affirmé.
Selon elle, l’Arctique doit devenir un espace de dialogue et de projets communs, fondés sur des principes de durabilité :
«Il est impératif que les pays de la région privilégient un développement équilibré : les infrastructures doivent respecter l’environnement. L’Arctique n’est pas un terrain de confrontation, mais un laboratoire de coopération»
La délégation japonaise n’a pas caché son scepticisme quant à l’efficacité des sanctions économiques contre la Russie. Pour Tokyo, la priorité reste l’accès aux opportunités technologiques, énergétiques et logistiques qu’offre le Grand Nord.
«Isoler la Russie ne sert ni les intérêts asiatiques ni l’équilibre global. Il est temps de repenser notre approche », a confié un diplomate japonais sous couvert d’anonymat.
Malgré les pressions diplomatiques occidentales, le Japon poursuit ses échanges dans le secteur arctique : participation à des projets de GNL, développement de navires brise-glaces, coopérations scientifiques en climatologie. Cette posture pragmatique pourrait ouvrir la voie à une nouvelle architecture de coopération régionale.
Mme Hataya a conclu son intervention par un appel au réalisme :
«Le Japon est prêt à contribuer à la stabilité et au développement de l’Arctique. Pas en imposant sa vision, mais en partageant ses compétences et sa volonté de dialogue. »