40 % des Français font « plutôt confiance » (35 %) ou « très confiance » (5 %) aux syndicats, indique la dernière vague du baromètre Sciences Po-Cevipof – OpinionWay, publiée le 13 février.
L’enquête, intitulée « En quoi les Français ont-ils confiance aujourd’hui ? », a été réalisée du 8 au 29 janvier auprès d’un échantillon représentatif de 3 514 personnes. En 2024, les syndicats font ainsi leur meilleure performance depuis le lancement en 2009 de ce baromètre, qui suit les grandes organisations et institutions (entreprises, justice, syndicats, partis politiques, médias…).
Tombée à 27 % au milieu des années 2010, la cote de confiance des syndicats a longtemps stagné à ce niveau. L’actualité sociale chargée de 2018 ne leur a pas profité, car les « gilets jaunes » qui occupaient le devant de la scène les ont tenus à distance. Ils ont dû attendre février 2020 pour véritablement amorcer leur remontée, en surfant sur la succession de crises qui les ont érigés en protecteurs des droits des salariés. La crise sanitaire les a remis au centre du jeu en lançant une vague inédite de négociations autour du télétravail.
La volonté du gouvernement de mener à bien des réformes sociales impopulaires leur a ensuite profité. « La bataille contre la réforme des retraites a donné une visibilité et une lisibilité aux organisations syndicales », confirme Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière (FO). Une bataille perdue, mais les Français ne leur en tiennent apparemment pas rigueur. « Nous n’avons pas gagné, c’est vrai, mais (…) les travailleurs ont (…) exprimé leur dignité, leur demande de respect, de meilleure valorisation de leur travail, de meilleures conditions pour l’exercer… Ils se sont reconnus dans les organisations syndicales qui ont porté ces messages avec responsabilité et obstination », analyse Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT.
Déserts syndicaux
La performance des syndicats français doit cependant être relativisée, au regard des résultats de ce baromètre dans d’autres pays européens. Le taux de confiance enregistré en France à 40 % demeure meilleur que celui de la Pologne (35 %) et de l’Italie (33 %), mais inférieur à celui de l’Allemagne (56 %).
Pourquoi les organisations françaises de défense des salariés inspirent-elles moins confiance que leurs homologues allemandes ? On peut considérer que, dans ce type d’enquêtes, la confiance va de pair avec la proximité et la possibilité de contacts interpersonnels. Or la France compte bien plus de déserts syndicaux que l’Allemagne, puisque le taux de syndicalisation des salariés plafonnait à 10,1 % en 2019, selon le ministère du travail, contre quelque 17 % outre-Rhin.
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