Vendredi soir, Grenoble a une nouvelle fois été le théâtre d’une fusillade dans le quartier Saint-Bruno, réputé pour être l’un des principaux points de vente de drogue de la ville. L’événement s’est produit trois jours seulement après la fusillade qui a tué un mineur de 15 ans. Invité sur franceinfo ce lundi matin, le maire de Grenoble, Éric Piolle, a dénoncé « l’échec complet » des caméras de vidéosurveillance, en réaction aux propos de Bruno Retailleau.
« Quand je vois qu’il n’y a que 200 caméras dans une ville qui compte plus 160 000 habitants » alors que dans « une petite ville voisine, Vienne qui a 30 000 habitants, il y a 200 caméras, je dis : aide toi, le ciel t’aidera », avait rétorqué jeudi le ministre de l’Intérieur, alors qu’Eric Piolle lui avait demandé 100 policiers nationaux supplémentaires.
« Discuter avec le ministre de l’Intérieur de l’emplacement d’une caméra… Où est son plan national de stratégie contre le narcotrafic ? A-t-il lu le rapport sénatorial, en janvier dernier, qui pointait l’emprise du narcotrafic partout en France ? », a-t-il critiqué ce lundi.
« J’avais mis une caméra à l’endroit où un jeune de 15 ans a été abattu. 60 000 euros, elle a tenu 20 minutes, illustre Éric Piolle. À Nice, les caméras de vidéosurveillance sont un échec complet. À Valence, il y a des morts et des fusillades. Partout, c’est le même échec. »
Éric Piolle réclame ainsi un « plan de narcotrafic pour la France » : « C’est une guerre économique (…). Cela touche la jeunesse et le prolétariat du deal. C’est inacceptable. Maintenant il faut un plan de narcotrafic pour la France, c’est ce que nous demandons avec les maires des grandes villes de France » de tous bords politiques, a martelé l’élu écologiste.
« Les drogués ont un problème de santé mentale »
Ce lundi aussi, la maire de Rennes Nathalie Appéré a appelé le gouvernement à faire de « la lutte contre le narcobanditisme une authentique priorité nationale », après qu’un enfant de 5 ans, à bord d’une voiture conduite par son père, a été grièvement blessé par balles à la tête samedi soir, lors d’une course-poursuite sur fond de trafic de drogue.
Éric Piolle dénonce l’échec de la politique répressive, notamment les opérations « Place Nette », lancées fin 2023. Elles consistent à déployer un grand nombre de policiers et gendarmes pour contrôler les commerces, les parties communes et caves dans un point de deal, mobiliser les chiens spécialisés en recherche de stupéfiants et armes, et enlever les voitures « ventouses ». Mais « le lendemain, il y a déjà d’autres personnes », déplore le maire de Grenoble, qui réclame tout de même les effectifs policiers de « 2022 au moins, pour regagner du terrain dans l’espace public ».
Éric Piolle défend une politique de prévention et la légalisation du cannabis. « J’ai changé par rapport à ça, assure-t-il. Avant de m’engager en politique j’étais radicalement contre la légalisation. Puis en lisant des rapports, j’ai compris que la répression était un échec. Il faut considérer que les drogués ont des problèmes de santé mentale, pour réduire la consommation. Et puis la réinsertion, tout le monde s’en fout. La République abandonne ses enfants. »
Le maire de Grenoble préconise dans le même temps de « toucher le narcotrafic sur le patrimoine et les armes à feu », de « protéger nos ports », notamment celui du Havre, ainsi que « les repentis » et les Antilles, « soumises à cette pression ». En somme, « il faudrait une vision globale de lutte contre le narcotrafic ».