Chérifa affiche un sourire entendu. Du sexisme dans le métro, bien sûr qu’elle le vit. Tout le temps, même. D’abord, entame l’étudiante de 19 ans, il y a ces regards collants. « Des hommes me dévisagent tous les jours », confie-t-elle, station République, sur le quai de la ligne 3. Elle le voit, elle le sent. Combien de fois doit-elle tourner la tête pour se débarrasser de ces yeux inquisiteurs. Puis, il y a ces petites phrases perverses lâchées à la volée. « Un homme passe et me dit : T’as des gros lolos. »
Le soir, à 23 heures, son cœur bat au moment de s’engouffrer dans le métro. Comme l’envie de s’effacer le plus possible. Elle pense à couvrir ses jambes, après une soirée. « Je mets un jogging sur ma robe. » Et aussi à s’enlaidir. Elle s’attache les cheveux — « Je suis moins jolie comme ça », croit-elle —, en montrant son chignon tiré, avec une raie au milieu. Face à ce fléau, les affiches de prévention lui inspirent un geste agacé. « Tant qu’on n’éduquera pas les garçons, rien ne changera ! »