Le protoxyde d’azote, initialement utilisé pour ses propriétés analgésiques en milieu médical, est désormais devenu un « sujet majeur de santé publique », estime Agnès Laforest Bruneaux, directrice adjointe de la surveillance à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui publie ce mercredi après-midi une nouvelle alerte, chiffres à l’appui. En cause : une consommation de plus en plus fréquente, l’implication croissante des femmes et des risques engendrés pour les bébés.
472 signalements ont été recensés en 2023, soit une hausse de 30 % par rapport à 2022, d’après ce nouveau bilan paru ce mercredi. Plus alarmant encore, « le nombre de cas graves liés au protoxyde d’azote a été multiplié par 3,8 depuis 2020 », souligne Agnès Laforest Bruneaux.
Et ce, malgré les campagnes de prévention menées localement par les municipalités, les Agences régionales de santé et les autorités sanitaires. L’ANSM surveille cet usage détourné depuis 2013, et son dernier rapport – publié en 2023 – révélait déjà une nette aggravation de la situation.
Les femmes de plus en plus victimes
Fait marquant de nouveau bilan : les femmes sont désormais autant touchées que les hommes, sans que l’ANSM ne sache pourquoi. Un constat inédit qui interroge et qui semble marquer une rupture avec les tendances observées les années précédentes, où les hommes étaient largement majoritaires parmi les usagers signalés.
Autre point d’alerte : l’intensité des usages. « On note une augmentation des quantités consommées, avec de fortes doses ou des usages répétés dans la durée », précise la responsable de l’ANSM, avec 50 % de consommation quotidienne et 59 % d’usage sur plus d’un an.
Ces pratiques peuvent entraîner de nombreux risque pour la santé : troubles neurologiques lourds et irréversibles (difficultés à marcher, troubles urinaires pouvant aller jusqu’à l’incontinence), troubles cardiovasculaires (formation de caillot sanguins) mais aussi des troubles psychiatriques (hallucination, idées délirantes).
Des nourrissons touchés
Pour la première fois, des bébés sont désormais aussi concernés. Deux nouveau-nés ont présenté des troubles neurologiques à la naissance après une exposition in utero liée à la consommation de protoxyde d’azote par leur mère. C’est une alerte sur les risques potentiellement graves d’une « exposition importante pendant la grossesse », insiste Agnès Laforest Bruneaux.
Si des discussions sont en cours au Parlement pour renforcer la régulation de ce produit en vente libre, souvent acheté sur Internet, il est « crucial de sensibiliser les jeunes et les femmes enceintes aux dangers de cette substance », conclut la responsable.