May 9, 2025
Economy

Négociations sur les retraites : pourquoi le système par capitalisation n’est plus la priorité


Un petit tour et puis s’en va ! Le dossier de la capitalisation, qui s’est invité en marge du conclave sur les retraites, à la demande du patronat, a semble-t-il fait long feu. Pendant deux séances (ce jeudi et le jeudi d’avant), le débat s’est ouvert du bout des lèvres entre partenaires sociaux, avec un nombre de participants réduits.

Seules quatre organisations — Medef, CPME, du côté patronal, et CFE-CGC, CFDT du côté syndicats des salariés — étaient présentes. La CFTC, dernier syndicat à participer encore au conclave, ayant déclaré forfait sur ces deux séances consacrées à l’éventuelle introduction d’une dose de retraite par capitalisation dans le système par répartition. Un sujet poussé par la CPME qui n’aura pas fait florès. Pire, aucune proposition commune concrète n’en est sortie.

Des appels du pied de certains politiques

Même à quatre, des frictions sont apparues sur des pistes évoquées. Comme celle avancée par le chef de file de la CPME Éric Chevée, qui a mis sur la table une « proposition de travailler une heure de plus (par semaine) pour financer sa propre retraite ». Obliger les travailleurs à épargner pour compléter leur pension est un cheval de bataille de l’organisation des petites et moyennes entreprises. Elles poussent pour rajouter un « étage » de retraite par capitalisation qui serait financé par l’augmentation du temps de travail, à 36 heures hebdomadaires.

Les appels du pied de certains politiques en faveur de la « capi », ne manquent pourtant pas. Ce jeudi c’est Gérald Darmanin qui s’en est chargé. « Il est temps de changer de modèle : je suis pour un système avec une grande partie de capitalisation, c’est-à-dire où les personnes épargneraient pour leur propre retraite, une idée à laquelle souscrit le patronat », a lancé le ministre de la Justice sur France Info.

Si ce n’est plus un gros mot, l’idée a toujours du mal à prendre en France. Regrettable « tabou dans les discussions sociales » selon la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet. Même au sein du patronat où le Medef semble, en ce moment, jouer de prudence vis-à-vis d’un système actuellement sous les feux de l’actualité américaine. Outre-Atlantique en effet, l’inquiétude des retraités actuels ou futurs (un actif sur trois épargne pour sa retraite via un plan par capitalisation) est palpable face à la valeur des fonds de pensions sérieusement malmenés en Bourse par les jeux de yoyo des marchés financiers à la suite des déclarations de Donald Trump, notamment sur les droits de douane.

En clair, pour la première organisation patronale, ce n’est pas la priorité — comme pour les syndicats —, l’objectif des discussions étant de redresser le système par répartition qui va voir son déficit s’aggraver. Les Français d’ailleurs ne sont pas prêts à la « capi ». Moins d’un sur trois (29 %) fait confiance au système par capitalisation, selon une étude Ifop pour la CGT parue récemment.

Concernant la suite de la concertation sur les retraites, les deux séances qui viennent (30 avril et 15 mai) seront consacrées à la question du pilotage du système des retraites. Les partenaires rentreront ensuite dans la dernière ligne droite, pour tenter de concrétiser un accord, avant le 28 mai, date de la dernière réunion prévue.

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