« Une année difficile dans un contexte difficile. » Ludovic Delcloy, le directeur financier d’Auchan Retail l’a répété à de nombreuses reprises en présentant jeudi 22 février les résultats annuels du distributeur, présent dans onze pays dont la Russie et l’Ukraine. En incluant la baisse de l’activité dans ces deux pays en guerre (–4,2 %), le produit des activités ordinaires d’Auchan Retail – l’équivalent de son chiffre d’affaires – est stable à taux de change constants (+0,1 %), atteignant 32,2 milliards d’euros en 2023.
Mais c’est surtout en France, où Auchan réalise la moitié de ses revenus, que les résultats sont « décevants », a admis le directeur financier. Cela, dans une conjoncture marquée par l’hyper inflation qui a bousculé le comportement des consommateurs, la hausse de la facture énergétique et celle des taux d’intérêt.
Le chiffre d’affaires a chuté de 2,7 % à 16,2 milliards d’euros, notamment à cause de la baisse des ventes de carburant (-21,5 %). Mais hors essence, la progression n’est que de 1,3 % malgré la hausse des prix de vente, contre 4,4 % pour les autres pays hors Ukraine et Russie.
Repositionnement tarifaire
Pour faire revenir les clients et tenter de concurrencer des acteurs comme E.Leclerc, Auchan a entrepris une opération de repositionnement tarifaire (baisse de prix en magasin, campagne de communication…) à partir de décembre 2023. Coût de l’opération : une quinzaine de millions d’euros en décembre et 60 millions d’euros sur l’année 2024.
Cela fait une dizaine d’années que l’enseigne cherche la bonne recette pour redresser son activité en France. Ce tableau plutôt sombre de 2023 est loin de décourager les dirigeants du distributeur. « Cet exercice compliqué jette les bases du rebond », a déclaré Jean-Baptiste Emin, directeur général délégué d’ELO, l’entité qui regroupe Auchan et ses activités foncières et qui, elle, affiche une perte nette de 379 millions d’euros contre un bénéfice de 33 millions un an plus tôt.
Pour remonter la pente, le distributeur compte sur son plan stratégique, Vision 2032, mis en place il y a un an (lutte contre le gaspillage alimentaire, valorisation des filières….) dans lequel l’accent a été mis sur ses marques propres. L’objectif est de réaliser 50 % du chiffre d’affaires d’ici 2032 contre 30 % aujourd’hui.
Le distributeur compte aussi améliorer ses conditions d’achat pour devenir plus compétitif et revenir dans la guerre des prix grâce à l’alliance « de très long terme » qu’il est en train de bâtir avec Intermarché. L’objectif étant de créer « la première centrale d’achats française avec plus de 30 % de parts de marché », selon la direction. Et par laquelle passeront 77 % des achats directs d’Auchan France. Encore en cours de construction, elle est censée durer 10 ans et commencer à porter ses fruits en 2025. « Cette alliance, c’est comme un couple. Ce n’est pas simplement l’adhésion à une centrale d’achat pour faire baisser les prix pendant un an », a précisé Jean Denis Deweine, directeur du développement et des partenariats d’Auchan Retail.
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