December 31, 2024
Politics

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune qualifie l’écrivain Boualem Sansal d’« imposteur » envoyé par la France


Les relations entre la France et l’Algérie ne risquent pas de bénéficier de la trêve des confiseurs. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a fait date en évoquant pour la première fois l’arrestation à la mi-novembre à Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, en le qualifiant d’« imposteur envoyé » par la France, selon le site d’information algérien TSA.

« Vous envoyez un imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et vient dire que la moitié de l’Algérie appartient à un autre État », a déclaré le chef de l’État algérien, dans un extrait d’un discours officiel, rapporté par TSA.

Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 80 ans, né d’un père marocain et d’une mère algérienne, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’État et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre. Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir à Alger aurait mal pris des déclarations de l’écrivain au média français Frontières, réputé d’extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie.

L’auteur de « 2084 : la fin du monde », naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». Selon son avocat français François Zimeray, Boualem Sansal, détenu à la prison de Koléa, a été transféré au pavillon carcéral de l’hôpital Mustapha-Bacha d’Alger à cause de son état de santé et de son âge (75 ans).

« la colonisation a laissé l’Algérie en ruines »

Dans un « discours à la nation » prononcé devant les deux chambres du Parlement, Tebboune, réélu pour un deuxième mandat début septembre, s’en est pris vivement à la France, selon des extraits en arabe publiés sur le site officiel de la présidence. « Ceux (en France) qui disent que nous avons laissé un paradis à l’Algérie devraient savoir que 90 % du peuple algérien était analphabète au moment de l’indépendance », a souligné le président, estimant que « la colonisation (1830-1962) a laissé l’Algérie en ruines (…) ils doivent admettre qu’ils ont tué et massacré des Algériens ».

Sur le dossier du Sahara occidental, une ex-colonie espagnole dont le Maroc contrôle 80 % du territoire mais qui est revendiquée par les indépendantistes du Front polisario soutenus par l’Algérie, Abdelmadjid Tebboune a estimé qu’il s’agissait d’« une question de décolonisation et d’autodétermination ».

Selon lui, le plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » défendu par Rabat est « une idée française, pas marocaine ».

Alger a retiré son ambassadeur à Paris fin juillet quand le président français Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé aux propositions marocaines sur le Sahara occidental, avant de se rendre à Rabat fin octobre.

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