« Les plaintes des riverains stigmatisent souvent les établissements de nuit. Or nous constatons que le bruit ne provient pas seulement des bars, loin de là… », assure Christophe Bertaud, adjoint au maire de La Rochelle (Charente-Maritime) en charge de la vie nocturne. L’élu peut affirmer cela grâce aux données recueillies par deux capteurs « Méduse », des caméras suspendues en hauteur équipées de quatre microphones mises au point par Bruitparif, l’observatoire du bruit en Île-de-France.
Elles ont la particularité de déterminer plusieurs fois par seconde d’où provient le bruit dominant. Ce son est projeté sur une visualisation à 360 degrés, sur laquelle les passants sont floutés, permettant ainsi de « voir le bruit ». « Ces dispositifs sont testés à Paris depuis des années. A La Rochelle, nous n’avions jamais analysé notre commune sous ce spectre. Nous voulions objectiver et caractériser la pollution sonore mais aussi comprendre comment les gens se déplacent la nuit », poursuit le « maire de la nuit. »
Des pics lors du ramassage des verres
A l’initiative du Conseil de la nuit, une instance municipale, deux capteurs ont donc été installés à des endroits stratégiques du cœur de ville au printemps 2024. L’un rue Saint-Jean-du-Pérot, où se trouvent de nombreux restaurants, l’autre place du Maréchal-Foch, à proximité de bars et de boîtes de nuit. « Nous avons constaté par exemple que le ramassage des verres ou le nettoyage de la chaussée tôt le samedi matin provoquait d’importants pics de décibels. Nous n’en avions pas conscience. Cela fera peut-être évoluer certaines décisions politiques, en décalant par exemple les horaires de tournées pour ne pas ajouter du bruit au bruit », précise Christophe Bertaud.
En octobre, ces deux « caméras sonores » seront déplacées. « Il y en aura une première place du Marché, où des terrasses sont autorisées jusqu’à minuit, et une seconde à la Grosse horloge, sur le Vieux-Port. Nous pourrons voir si les artistes de rue, qui doivent théoriquement changer d’endroit toutes les quarante-cinq minutes, occasionnent des nuisances réelles ou non, car certains habitants nous en font part. Nous souhaitons garder une ville festive mais une nuit apaisée pour les Rochelais », conclut l’adjoint.