Toute l’Union européenne (UE) s’est donné pour but de sortir du gaz russe d’ici à 2027. Toute ? Non, il existe encore quelques pays irréductibles, qui, malgré la guerre en Ukraine et les engagements pris à Bruxelles, ne font pas vraiment d’effort pour avancer vers cet objectif fixé depuis maintenant près de deux ans. A côté de la Hongrie de Viktor Orban et de la Slovaquie de Robert Fico, deux dirigeants qui entretiennent une proximité politique avec Vladimir Poutine, l’Autriche a encore importé, en décembre 2023, 98 % de son gaz depuis la Russie.
« C’est un record absolu depuis le début de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine », a reconnu, mi-février, la ministre (écologiste) de l’énergie, Leonore Gewessler, en dénonçant les « défaillances » des fournisseurs de gaz autrichiens. « Il y a suffisamment de gaz non russe, mais ils ne l’achètent pas », a-t-elle déploré, en promettant d’essayer de faire adopter prochainement des dispositions légales plus contraignantes afin d’aligner les pratiques de son pays d’Europe centrale sur celles du reste de l’UE, qui n’importe plus qu’environ 15 % de son gaz depuis Moscou.
Détenue à 30 % par l’Etat autrichien, l’entreprise énergétique nationale OMV se retranche depuis deux ans derrière son contrat avec Gazprom, signé en 2018 et qui court jusqu’en 2040. Même si elle a été forcée de payer en roubles et a fait face à des livraisons aléatoires au début de la guerre, OMV assure ne pas pouvoir le rompre et être contrainte de continuer à acheter les livraisons qui sont, entre-temps, revenues à un niveau normal. Le projet de construction d’un gazoduc d’à peine 40 kilomètres vers l’Allemagne, qui doit permettre à l’Autriche de sortir de son enclavement en ayant accès au gaz liquéfié importé par la mer sur les côtes allemandes, est, lui, encalminé dans les procédures.
« Un lobby extrêmement bon »
Au-delà de ces arguments économiques, il n’y a en réalité pas de réelle volonté politique de sortir de la dépendance au gaz russe, dans ce pays riche qui en aurait pourtant les moyens. Neutre et non membre de l’OTAN, l’Autriche a, de longue date, entretenu des liens économiques intenses avec Moscou et cet héritage laisse encore des traces. « Les Russes ont un lobby extrêmement bon en Autriche », a ainsi rappelé l’ancien patron du géant autrichien de l’énergie OMV, Gerhard Roiss, lors d’un débat organisé, dimanche 18 février, à la télévision nationale autrichienne, en constatant que les réactions politiques à la mort de l’opposant russe Alexeï Navalny en prison y étaient restées « très retenues ».
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